Les Success Fees en gestion de patrimoine.

Les success fees, ou frais de succès, sont un mode de rémunération basé sur la performance, largement adopté dans les pays anglo-saxons, mais encore très peu répandu en France. Ils permettent aux conseillers financiers d’être rémunérés en fonction des gains réalisés pour leurs clients, plutôt que par des frais fixes ou des commissions sur produits financiers.

Ce modèle est apprécié pour son alignement des intérêts entre le conseiller et l’investisseur.

Dans cet article, nous allons explorer le fonctionnement des success fees, leurs avantages et inconvénients, leur cadre réglementaire, ainsi que les raisons pour lesquelles ce modèle est encore marginal en France.

Qu’est-ce qu’un success fee en gestion de patrimoine ?

Un success fee est une rémunération perçue par un conseiller en gestion de patrimoine en fonction des gains réalisés pour son client. Plutôt qu’un honoraire fixe, ce mode de rémunération est basé sur un pourcentage des bénéfices obtenus, ce qui motive le conseiller à maximiser la performance des investissements.

Principaux éléments d’un success fee : 

  • Taux de commission : généralement exprimé en pourcentage des gains réalisés.
  • Seuil de performance : le conseiller ne perçoit des frais que si un certain niveau de rendement est atteint.
  • Période d’évaluation : la période sur laquelle la performance est calculée (trimestrielle, annuelle, etc.).
  • High water mark (HWM) : un mécanisme garantissant que les fees ne sont prélevés que sur les nouveaux gains nets après des pertes précédentes.

Pourquoi opter pour une rémunération aux success fees ?

Alignement des intérêts.

Contrairement aux frais fixes, les success fees incitent le conseiller à maximiser la rentabilité du portefeuille de son client, garantissant ainsi une relation de confiance et une transparence accrue.

L’investisseur ne paie des frais que si ses investissements génèrent des gains. Cela permet de limiter les coûts en cas de performance décevante du portefeuille.

Les success fees poussent les conseillers à être proactifs dans la gestion des portefeuilles, cherchant continuellement à optimiser la performance.

Les clients ayant un capital conséquent préfèrent souvent ce modèle, qui leur garantit une rémunération juste et proportionnelle aux résultats obtenus.

Cependant, ce mode de rémunération peut aussi présenter certains inconvénients, notamment en cas de prise de risques excessive par le conseiller cherchant à maximiser ses honoraires.

Pourquoi les success fees sont-ils rares en France ?

Contrairement aux pays anglo-saxons, où ce modèle est largement utilisé, la réglementation et la culture financière en France rendent l’application des success fees particulièrement difficile.

Contraintes réglementaires.

La réglementation française impose des obligations strictes aux conseillers en gestion de patrimoine (CGP), notamment en matière de transparence et de protection des investisseurs. Les autorités de contrôle, comme l’Autorité des marchés financiers (AMF), considèrent que ce modèle peut créer des conflits d’intérêts et inciter à une prise de risque excessive.

Absence de cadre fiscal incitatif.

Les success fees ne bénéficient pas d’un cadre fiscal clair en France, contrairement aux États-Unis ou au Royaume-Uni, où ils sont intégrés dans les structures de rémunération classiques des gestionnaires d’actifs.

Difficulté d’acceptation par les clients.

La culture française privilégie des modèles plus traditionnels, basés sur des frais fixes ou des commissions sur produits financiers. De nombreux investisseurs perçoivent les success fees comme une rémunération incertaine et potentiellement coûteuse.

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Comment sont calculés les success fees ?

Modèle à seuil de performance.

Dans ce modèle, les success fees ne sont prélevés que si un seuil de rentabilité prédéfini est dépassé. Par exemple, un client peut accepter de verser 10 % des gains réalisés au-delà de 5 % de rendement annuel.

Modèle à high water mark.

Le high water mark garantit que les success fees ne sont appliqués qu’aux nouveaux gains réalisés, empêchant ainsi le conseiller de facturer des frais en cas de pertes antérieures.

Modèle à échelle progressive.

Certains success fees sont structurés avec des paliers :

  • 5 % des gains pour un rendement entre 5 % et 10 %.
  • 10 % des gains pour un rendement entre 10 % et 20 %.
  • 15 % des gains pour un rendement au-delà de 20 %.

Ce modèle incite le conseiller à rechercher une performance plus élevée tout en restant dans des limites raisonnables de risque.

Réglementation et encadrement des success fees.

Transparence et obligation d’information.

Les conseillers doivent informer leurs clients sur la méthode de calcul des success fees, les seuils appliqués et les éventuels risques associés à ce modèle de rémunération.

Un conseiller pourrait être tenté d’adopter une stratégie d’investissement trop risquée pour maximiser ses gains. C’est pourquoi les régulateurs imposent des obligations de prudence et de diversification des portefeuilles.

Dans certains pays, des plafonds sont imposés sur les success fees pour éviter les abus. Par exemple, la SEC aux États-Unis impose un encadrement strict des frais de performance.

Comparaison avec d’autres modèles de rémunération.

Modèle de rémunérationAvantagesInconvénients
Success feesAlignement des intérêts, pas de coût en cas de faible performancePotentiel conflit d’intérêts, variabilité des revenus du conseiller
Frais fixesTransparence, stabilité pour le clientAbsence de motivation à améliorer la performance
Commissions sur produitsGratuité apparente pour le clientRisque de biais dans les recommandations

Meilleures pratiques pour les investisseurs.

  1. Exiger un contrat clair et détaillé : vérifiez la structure des fees, les seuils de performance et les périodes de calcul.
  2. S’assurer de l’indépendance du conseiller : un conseiller indépendant sera moins susceptible d’avoir un biais vers des produits spécifiques.
  3. Évaluer régulièrement les performances : un suivi annuel permet d’ajuster la stratégie si nécessaire.
  4. Comparer les offres du marché : certains conseillers offrent des conditions plus avantageuses que d’autres.
  5. Privilégier un modèle équilibré : un bon équilibre entre success fees et frais fixes permet d’éviter les conflits d’intérêts.

Conclusion.

Les success fees offrent un modèle de rémunération attractif en gestion de patrimoine, garantissant un alignement des intérêts entre le conseiller et l’investisseur. Toutefois, leur mise en place doit être encadrée pour éviter tout abus.