Bon au porteur : définition, types, réglementation en France.

Alan Bourel - Arkefact Investissement - Gestion de patrimoine
Alan Bourel
Fondateur et ingénieur patrimonial
Date de rédaction
15/07/2025

Introduction.

Dans l’univers complexe de la gestion de patrimoine, les bons au porteur représentent une catégorie particulière d’instruments financiers qui mérite une attention particulière. Ces titres, caractérisés par leur anonymat et leur simplicité de transmission, occupent une place spécifique dans les stratégies patrimoniales, bien que leur usage ait considérablement évolué au cours des dernières décennies.
Un bon au porteur est fondamentalement un titre de créance dont la propriété est déterminée par sa détention physique. Contrairement aux titres nominatifs, il n’existe aucun registre des propriétaires successifs, ce qui confère à ces instruments des caractéristiques uniques en matière de confidentialité et de transmission.

Important : Les bons au porteur sont interdits en France depuis la loi de finances pour 2014 (article 131 de la loi n°2013-1278 du 29 décembre 2013). Cette interdiction s’applique à l’émission de nouveaux titres au porteur, mais les titres existants avant cette date ont dû être convertis en titres nominatifs ou au porteur identifiable avant le 31 décembre 2016.

Dans cet article rédigé par notre cabinet Arkefact Gestion de patrimoine Angers, nous verrons en quoi cette spécificité en fait un outil patrimonial aux implications fiscales, juridiques et pratiques bien distinctes.

Définition et caractéristiques.

Définition du bon au porteur.

Un bon au porteur est un titre de créance émis par une entreprise, une institution financière ou un État, qui n’est pas rattaché nominativement à un détenteur. Sa particularité réside dans le fait que le porteur du titre est présumé en être le propriétaire, et peut donc en réclamer le paiement ou les intérêts. Il se transmet par simple remise physique, sans formalité, ce qui le rend totalement anonyme.

Longtemps utilisés pour leur souplesse et leur discrétion, les bons au porteur sont aujourd’hui interdits en France, notamment pour des raisons de transparence fiscale et de lutte contre le blanchiment d’argent. Leur utilisation est désormais strictement encadrée ou proscrite dans la majorité des pays développés.

Éléments constitutifs essentiels.

Tout bon au porteur doit comporter certains éléments obligatoires pour être juridiquement valable. Il doit notamment mentionner la dénomination sociale de l’émetteur, le montant nominal du titre, les conditions de rémunération, la date d’émission et les modalités de remboursement. Ces informations, gravées dans le titre même, déterminent les droits et obligations tant de l’émetteur que du porteur.

La standardisation de ces éléments permet une reconnaissance immédiate du titre et facilite sa négociation sur les marchés financiers. Cette normalisation contribue également à la sécurité juridique en réduisant les risques de contestation ou d’ambiguïté concernant les termes du contrat sous-jacent.

L'interdiction des bons au porteur en France.

La France a définitivement tourné la page des bons au porteur avec la loi de finances pour 2014. Cette interdiction s’inscrit dans un mouvement européen et international visant à lutter contre l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent. L’anonymat offert par ces instruments était devenu incompatible avec les exigences modernes de transparence financière.

L’article 131 de la loi n°2013-1278 du 29 décembre 2013 a prohibé l’émission de nouveaux titres au porteur à compter du 1er janvier 2014. Cette interdiction concerne tous les types de titres : actions, obligations, bons de caisse, et autres instruments financiers au porteur.

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Typologie des bons au porteur.

Bons du Trésor.

Les bons du Trésor constituent la catégorie la plus connue et la plus répandue des bons au porteur. Émis par l’État français, ils représentent une créance sur le Trésor public et bénéficient donc de la garantie souveraine. Leur sécurité en fait des instruments privilégiés pour la partie défensive d’un portefeuille patrimonial.

Ces titres se déclinent en plusieurs échéances, allant de quelques mois à plusieurs années. Les bons du Trésor à court terme (BTF) ont une durée de vie inférieure à un an, tandis que les obligations assimilables du Trésor (OAT) peuvent s’étendre sur des périodes beaucoup plus longues. Cette diversité d’échéances permet une gestion fine de la duration du portefeuille.

Bons de caisse.

Les bons de caisse, émis par les établissements bancaires, représentent une forme de placement à terme fixe. Ils constituent un engagement de l’établissement émetteur de rembourser le capital majoré des intérêts à l’échéance convenue. Leur rendement est généralement supérieur à celui des livrets réglementés, mais leur liquidité reste limitée avant l’échéance.

Ces instruments présentent l’avantage d’être adaptables aux besoins spécifiques de l’investisseur, tant en termes de montant que de durée. Ils peuvent ainsi constituer un complément intéressant aux autres placements dans une approche de diversification patrimoniale.

Bons de capitalisation.

Les bons de capitalisation occupent une position particulière dans l’univers des bons au porteur. Émis par les compagnies d’assurance, ils constituent un placement dont la valeur de rachat croît selon un taux technique garanti, complété éventuellement par une participation aux bénéfices.

Leur spécificité réside dans leur régime fiscal avantageux, notamment en matière de transmission. Ils bénéficient d’un régime de capitalisation qui permet de reporter l’imposition des plus-values jusqu’au moment du rachat, offrant ainsi une optimisation fiscale appréciable dans certaines configurations patrimoniales.

Avantages patrimoniaux.

Confidentialité et anonymat.

L’anonymat constitue l’un des atouts historiques des bons au porteur. Cette caractéristique permet au détenteur de préserver la confidentialité de ses investissements, élément qui peut s’avérer stratégique dans certaines situations patrimoniales. Toutefois, cette confidentialité doit être comprise dans le respect strict des obligations déclaratives fiscales.

Cette discrétion peut être particulièrement appréciée dans des contextes familiaux complexes ou lors de négociations commerciales sensibles. Elle offre une protection contre les indiscrétions et permet une gestion patrimoniale sereine, à l’abri des regards indiscrets.

Simplicité de transmission.

La transmission des bons au porteur s’effectue par simple remise matérielle du titre, sans formalité administrative particulière. Cette simplicité contraste avec les procédures parfois lourdes requises pour le transfert de titres nominatifs. Elle permet une fluidité dans les transactions qui peut s’avérer précieuse dans certaines stratégies patrimoniales.

Cette facilité de transmission trouve son utilité dans les opérations de donation ou de succession, où la rapidité d’exécution peut constituer un avantage déterminant. Elle permet également une réactivité appréciable face aux évolutions du marché ou aux changements de stratégie patrimoniale.

Flexibilité opérationnelle.

La détention physique des bons au porteur offre une flexibilité opérationnelle remarquable. Le porteur dispose d’une liberté totale dans la gestion de ses titres, sans contrainte administrative ou procédurale. Cette autonomie peut être valorisée dans des stratégies patrimoniales sophistiquées nécessitant une grande réactivité.

Cette flexibilité s’étend également aux modalités de conservation et de gestion des titres. Le porteur peut choisir librement ses modalités de détention, depuis la conservation personnelle jusqu’à la gestion déléguée, en fonction de ses priorités et de sa situation patrimoniale.

Inconvénients et risques.

Risques liés à la détention physique.

La détention physique des bons au porteur génère des risques spécifiques qu’il convient de maîtriser. Le risque de perte, de vol ou de destruction du titre constitue une préoccupation majeure, car la reconstitution du titre peut s’avérer complexe et coûteuse. Ces risques nécessitent la mise en place de mesures de sécurité appropriées.

La conservation sécurisée devient donc un enjeu crucial, impliquant souvent le recours à des coffres-forts ou à des services de garde professionnels. Ces mesures représentent un coût supplémentaire qu’il convient d’intégrer dans le calcul de la rentabilité globale de l’investissement.

Contraintes de liquidité.

La liquidité des bons au porteur peut être limitée, particulièrement pour les émissions de taille modeste ou les titres spécialisés. L’absence de marché secondaire organisé peut rendre difficile la cession anticipée du titre, contraignant le porteur à conserver son investissement jusqu’à l’échéance.

Cette contrainte de liquidité doit être anticipée dans la construction du portefeuille patrimonial. Elle impose une réflexion approfondie sur l’horizon de placement et la répartition des actifs entre investissements liquides et illiquides.

Évolution réglementaire défavorable.

L’environnement réglementaire concernant les bons au porteur connaît une évolution constante, généralement orientée vers un renforcement des obligations déclaratives et une réduction de l’anonymat. Cette tendance peut affecter l’attractivité de ces instruments et nécessite une veille réglementaire constante.

Les modifications législatives peuvent également impacter rétroactivement les titres existants, créant une incertitude juridique et fiscale qu’il convient d’anticiper dans la stratégie patrimoniale.

Contexte réglementaire et interdiction en France.

Période de transition et conversion obligatoire.

Les détenteurs de titres au porteur existants ont bénéficié d’une période de transition jusqu’au 31 décembre 2016 pour procéder à leur conversion. Trois options étaient possibles : la conversion en titres nominatifs, la conversion en titres au porteur identifiable, ou la vente des titres.

Les titres non convertis dans les délais ont fait l’objet d’une procédure de consignation auprès de la Caisse des dépôts et consignations. Cette procédure permettait aux propriétaires de récupérer leurs droits moyennant le paiement d’une pénalité et la régularisation de leur situation fiscale.

Conclusion.

Les bons au porteur, bien qu’interdits en France depuis 2014, demeurent un sujet d’étude important pour comprendre l’évolution des instruments patrimoniaux et les alternatives modernes développées par les établissements financiers. Leur histoire illustre l’évolution des exigences réglementaires vers plus de transparence et de traçabilité.

Les solutions alternatives développées depuis leur interdiction tentent de reproduire leurs avantages tout en respectant les nouvelles contraintes réglementaires. L’assurance-vie, les bons de capitalisation nominatifs et d’autres instruments modernes offrent des opportunités intéressantes pour les stratégies patrimoniales contemporaines.

La compréhension de ces instruments historiques et de leurs successeurs modernes demeure essentielle pour les professionnels de la gestion patrimoniale. Elle permet d’appréhender les évolutions réglementaires et d’identifier les solutions optimales pour répondre aux besoins des clients dans le respect du cadre légal actuel.

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Questions

FAQ.

Un bon au porteur est un titre de créance ou un instrument financier émis sans indication du nom du bénéficiaire. Contrairement aux titres nominatifs, le bon au porteur ne mentionne pas l’identité du propriétaire, ce qui signifie que quiconque détient physiquement le document peut en revendiquer la propriété et procéder à son encaissement. Cette caractéristique d’anonymat a longtemps fait du bon au porteur un instrument privilégié pour certaines transactions financières, mais elle a également soulevé des préoccupations importantes en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale.

Non, les bons au porteur ne sont plus valables en France depuis leur interdiction définitive. La loi française a progressivement supprimé ces instruments financiers, avec une interdiction complète entrée en vigueur. Cependant, certains bons au porteur émis avant cette interdiction peuvent encore théoriquement être présentés pour encaissement, sous réserve de respecter les délais de prescription et les nouvelles réglementations. Il est crucial de vérifier la date d’émission et les conditions spécifiques de chaque bon pour déterminer sa validité potentielle.

L’interdiction des bons au porteur en France s’inscrit dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale et le financement du terrorisme. L’anonymat offert par ces instruments financiers rendait difficile la traçabilité des transactions et l’identification des bénéficiaires réels. Cette opacité était incompatible avec les exigences modernes de transparence financière et les obligations déclaratives fiscales. L’interdiction vise également à se conformer aux standards internationaux en matière de lutte contre la criminalité financière.

Non, les titres au porteur n’existent plus en France depuis leur suppression légale. Tous les titres financiers doivent désormais être nominatifs ou faire l’objet d’une inscription en compte. Cette transformation s’inscrit dans la dématérialisation générale des marchés financiers et répond aux exigences de transparence imposées par la réglementation européenne et française. Les anciens détenteurs de titres au porteur ont dû procéder à leur conversion en titres nominatifs dans les délais impartis.

L’encaissement d’un bon au porteur ancien doit se faire auprès de l’établissement émetteur ou de ses ayants droit. Il est recommandé de contacter directement la banque ou l’institution financière qui a émis le bon. Si l’émetteur n’existe plus, il faut rechercher l’établissement qui a repris ses activités. L’encaissement peut nécessiter des vérifications d’identité renforcées et une déclaration fiscale, même pour des bons émis avant l’interdiction. Il est conseillé de consulter un conseiller financier ou un avocat spécialisé pour les démarches complexes.

La recherche de bons au porteur anciens peut s’effectuer en consultant les archives familiales, les coffres-forts, les anciens dossiers bancaires ou notariaux. Il est également possible de contacter les établissements financiers avec lesquels vous ou votre famille aviez des relations commerciales. Certaines institutions proposent des services de recherche d’avoirs dormants. La Caisse des Dépôts et Consignations centralise certaines informations sur les avoirs non réclamés. Il est important de conserver tous les documents originaux et de faire appel à des professionnels pour les recherches complexes.

Oui, les revenus provenant de bons au porteur sont imposables en France, même s’ils ont été émis avant l’interdiction. Les gains doivent être déclarés selon les règles fiscales en vigueur au moment de l’encaissement. L’administration fiscale peut appliquer des pénalités en cas de non-déclaration d’avoirs détenus à l’étranger. Il est essentiel de consulter un expert fiscal pour déterminer les obligations déclaratives et les éventuelles régularisations nécessaires.

Un bon au porteur fonctionnait selon le principe de la possession physique : le détenteur du document était présumé en être le propriétaire légitime. L’encaissement se faisait sur simple présentation du titre, sans vérification d’identité particulière. Le bon portait généralement une date d’échéance, un montant nominal et les conditions de remboursement. Certains bons généraient des intérêts ou des dividendes payables périodiquement. La transmission s’effectuait par simple remise du document, sans formalités particulières.

Pour vérifier la validité d’un bon au porteur ancien, il faut examiner sa date d’émission, sa date d’échéance, l’existence de l’émetteur et les conditions générales d’émission. Il est nécessaire de vérifier que le délai de prescription n’est pas écoulé et que l’émetteur honore encore ses engagements. La consultation d’un expert en instruments financiers ou d’un avocat spécialisé est recommandée pour une évaluation précise. Les contrefaçons étant possibles, une expertise peut être nécessaire pour authentifier le document.

Les titres au porteur fonctionnaient selon le même principe que les bons au porteur : la propriété était déterminée par la possession physique du titre. Ces instruments permettaient de percevoir des dividendes, de participer aux assemblées générales (pour les actions) ou de bénéficier des intérêts (pour les obligations). La transmission s’effectuait par simple remise du titre, ce qui facilitait les transactions mais compliquait la traçabilité. Les titres au porteur ont été progressivement supprimés au profit des titres nominatifs et dématérialisés.

Aujourd’hui, les investisseurs peuvent utiliser des comptes-titres nominatifs, des livrets d’épargne, des obligations nominatives ou des produits d’épargne réglementés. Ces instruments offrent une sécurité juridique supérieure et respectent les obligations de transparence fiscale. Les solutions modernes permettent une gestion plus efficace des portefeuilles tout en garantissant la traçabilité des transactions.

Si vous découvrez un bon au porteur ancien, conservez-le précieusement et consultez rapidement un professionnel. Rassemblez tous les documents associés et contactez l’émetteur ou ses ayants droit. Préparez-vous à fournir des justificatifs d’identité et de provenance. N’hésitez pas à faire appel à un avocat spécialisé pour vous accompagner dans les démarches d’encaissement et de régularisation fiscale.