Garde alternée et pension alimentaire : définition, fiscalité, conditions.

Alan Bourel - Arkefact Investissement - Gestion de patrimoine
Alan Bourel
Fondateur et ingénieur patrimonial
Temps de lecture
7 minutes

Introduction.

La garde alternée, officiellement appelée résidence alternée, est devenue un mode de garde de plus en plus répandu en France depuis la loi du 4 mars 2002. Cette modalité d’exercice de l’autorité parentale soulève de nombreuses questions, notamment concernant la pension alimentaire.

Au sein de cet article rédigé par notre cabinet Arkefact gestion de patrimoine Nice, nous verrons que contrairement aux idées reçues, garde alternée et pension alimentaire ne s’excluent pas mutuellement. Cet article examine en détail les mécanismes juridiques, les critères d’attribution et les modalités de calcul de la pension alimentaire dans le cadre d’une garde alternée.

Définition et cadre juridique de la garde alternée.

Définition.

La garde alternée, ou résidence alternée, est un mode d’organisation de la vie de l’enfant après la séparation de ses parents. L’enfant vit alternativement chez chacun de ses parents selon un rythme prédéterminé, généralement une semaine sur deux. Cette modalité permet à l’enfant de maintenir des liens étroits avec ses deux parents et de bénéficier d’une présence parentale équilibrée.

Fondements juridiques.

Le cadre légal de la garde alternée repose sur plusieurs textes :

  • Article 373-2-9 du Code civil : définit les modalités de résidence de l’enfant
  • Loi du 4 mars 2002 : introduit le principe de résidence alternée
  • Décret du 29 octobre 2012 : précise les modalités d’application

La jurisprudence a également contribué à préciser les contours de cette modalité de garde, notamment concernant les conditions d’attribution et les critères à prendre en compte.

Conditions d'attribution.

Pour qu’une garde alternée soit ordonnée, plusieurs conditions doivent être réunies :

  • Intérêt supérieur de l’enfant : critère fondamental qui prime sur tous les autres. Le juge évalue si cette modalité de garde est bénéfique pour l’enfant compte tenu de son âge, de sa maturité et de ses besoins.

  • Accord des parents : bien que non obligatoire, l’accord des deux parents facilite considérablement la mise en place de la garde alternée. En cas de désaccord, le juge peut néanmoins l’ordonner s’il estime qu’elle sert l’intérêt de l’enfant.

  • Conditions matérielles : chaque parent doit disposer d’un logement adapté à l’accueil de l’enfant et de disponibilités suffisantes pour s’occuper de lui.

  • Proximité géographique : la distance entre les domiciles des parents ne doit pas être excessive pour permettre à l’enfant de maintenir ses activités scolaires et extra-scolaires.

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Principe général de la pension alimentaire.

Obligation alimentaire parentale.

L’obligation alimentaire entre parents et enfants trouve sa source dans l’article 371-2 du Code civil. Cette obligation est réciproque, perpétuelle et proportionnelle aux besoins de celui qui la reçoit et aux ressources de celui qui la doit. Elle ne disparaît pas automatiquement avec la mise en place d’une garde alternée.

Objectif de la pension alimentaire.

La pension alimentaire vise à assurer la satisfaction des besoins essentiels de l’enfant :

  • Besoins primaires : nourriture, vêtements, logement
  • Besoins éducatifs : frais de scolarité, fournitures scolaires
  • Besoins de santé : frais médicaux, mutuelle
  • Besoins sociaux et culturels : activités extra-scolaires, loisirs

Modalités de versement.

Traditionnellement, la pension alimentaire est versée mensuellement par le parent chez qui l’enfant ne réside pas habituellement vers celui qui en a la garde principale. Dans le cadre d’une garde alternée, ce mécanisme peut être adapté ou modifié selon les circonstances.

Les règles applicables.

Principe de base.

La garde alternée n’exclut pas automatiquement le versement d’une pension alimentaire. Cette règle fondamentale a été confirmée par de nombreux arrêts de la Cour de cassation. L’égalité du temps de présence ne signifie pas nécessairement égalité dans la prise en charge financière des besoins de l’enfant.

Présomption d'équilibre.

Cependant, la jurisprudence a établi une présomption selon laquelle la garde alternée tend à équilibrer les charges liées à l’entretien de l’enfant. Cette présomption peut être renversée si l’un des parents démontre un déséquilibre significatif dans la prise en charge des frais.

Critères d'appréciation.

Le juge examine plusieurs éléments pour déterminer s’il y a lieu d’ordonner une pension alimentaire :

  • Disparité des revenus : différence significative entre les ressources des deux parents

  • Répartition des frais : qui prend en charge quels types de dépenses (frais de cantine, activités, vêtements, etc.)

  • Coût du logement : différence dans les charges de logement supportées par chaque parent

  • Frais de transport : coûts liés aux déplacements pour les échanges

Calcul de la pension alimentaire en garde alternée.

Méthode de calcul.

Le calcul de la pension alimentaire en garde alternée suit une méthodologie spécifique qui tient compte de l’égalité théorique du temps de présence. Le juge utilise généralement la table de référence établie par le ministère de la Justice, mais applique un coefficient correcteur.

Table de référence.

La table de référence prend en compte :

  • Revenus du débiteur : revenus nets du parent qui versera la pension
  • Nombre d’enfants : nombre total d’enfants à charge
  • Droit de visite et d’hébergement : modalités de garde

Pour la garde alternée, le coefficient appliqué est généralement de 0,5, mais peut varier selon les circonstances.

Exemple pratique de calcul.

Prenons l’exemple d’un couple avec un enfant :

  • Parent A : revenus nets de 3 000 €/mois
  • Parent B : revenus nets de 2 000 €/mois
  • Garde alternée : une semaine sur deux

Calcul théorique :

  1. Montant de base selon la table : 285 € (pour 3 000 € et 1 enfant)
  2. Application du coefficient garde alternée : 285 € × 0,5 = 142,50 €
  3. Prise en compte de la disparité des revenus : ajustement possible

Le parent A pourrait verser environ 100 à 150 € au parent B, selon les autres éléments du dossier.

Facteurs d'ajustement.

Plusieurs éléments peuvent modifier le montant calculé :

  • Frais exceptionnels : frais médicaux non remboursés, activités coûteuses

  • Répartition des charges : si un parent supporte plus de frais fixes

  • Différence de niveau de vie : pour maintenir l’équilibre entre les deux foyers

Fiscalité et optimisation.

Traitement fiscal pour le parent débiteur.

  • Déduction fiscale des pensions alimentaires : les pensions alimentaires versées pour l’entretien des enfants mineurs sont déductibles du revenu imposable du parent qui les verse. Cette déduction constitue un avantage fiscal important qui peut considérablement réduire l’impôt sur le revenu.

  • Conditions de déductibilité : pour être déductible, la pension doit répondre à plusieurs critères :
    • Être versée en exécution d’une décision de justice ou d’un accord homologué
    • Correspondre à une obligation alimentaire légale
    • Être justifiée par des pièces comptables (relevés bancaires, reçus)
    • Ne pas dépasser les besoins de l’enfant compte tenu du train de vie du foyer

  • Montant déductible : le montant déductible correspond aux sommes effectivement versées dans l’année fiscale, sans plafond spécifique pour les enfants mineurs. Toutefois, l’administration fiscale vérifie que les montants correspondent aux besoins réels de l’enfant.

Traitement fiscal pour le parent créancier.

  • Imposition des pensions reçues : les pensions alimentaires reçues pour l’entretien des enfants mineurs ne sont pas imposables pour le parent qui les perçoit. Cette règle vise à éviter une double imposition et à préserver les ressources destinées à l’enfant.

  • Déclaration fiscale : le parent qui reçoit la pension n’a pas à déclarer ces sommes dans ses revenus imposables. Il convient néanmoins de conserver les justificatifs de versement pour d’éventuels contrôles.

Garde alternée et implications fiscales.

  • Quotient familial : en cas de garde alternée, les parents peuvent choisir de partager la réduction d’impôt liée aux enfants à charge. Chaque parent peut compter 0,25 part fiscale par enfant (au lieu de 0,5 part pour un enfant en résidence exclusive).

  • Répartition des avantages : les parents peuvent également opter pour une attribution exclusive à l’un d’eux, généralement celui qui a les revenus les plus élevés pour optimiser l’avantage fiscal.

  • Frais de garde : les frais de garde d’enfants de moins de 6 ans donnent droit à un crédit d’impôt. En garde alternée, cet avantage peut être partagé entre les parents en proportion de leurs frais respectifs.

Conclusion.

La garde alternée et la pension alimentaire constituent un ensemble complexe qui nécessite une approche nuancée et personnalisée. Si la garde alternée tend à équilibrer les charges liées à l’entretien de l’enfant, elle n’exclut pas automatiquement le versement d’une pension alimentaire lorsque les circonstances le justifient.

L’essentiel est de privilégier l’intérêt supérieur de l’enfant en organisant une prise en charge équitable de ses besoins, en tenant compte des ressources et des contraintes de chaque parent. La communication, la transparence et l’adaptation aux évolutions familiales sont les clés du succès de ces arrangements.

Les parents sont encouragés à rechercher des solutions amiables, accompagnés si nécessaire par des professionnels, afin de créer un cadre stable et serein pour l’épanouissement de leur enfant. 

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Questions

FAQ.

La garde alternée, également appelée résidence alternée, est un mode de garde où l’enfant vit alternativement chez chacun de ses parents selon un rythme déterminé (généralement une semaine sur deux). Ce système permet à l’enfant de maintenir des liens étroits avec ses deux parents tout en partageant équitablement le temps de présence.

Non, la pension alimentaire n’est pas automatiquement obligatoire en garde alternée. Contrairement à la garde exclusive où le parent non-gardien verse généralement une pension alimentaire, la garde alternée peut fonctionner sans pension alimentaire si les revenus des parents sont équilibrés. Cependant, une pension alimentaire peut être fixée en cas de disparité importante des revenus entre les parents, même en garde alternée.

Le calcul de la pension alimentaire en garde alternée suit une méthode spécifique :

  1. Évaluation des revenus : Le juge évalue les revenus nets de chaque parent
  2. Prise en compte des charges : Les frais liés à l’enfant (logement, nourriture, transport, etc.) sont évalués
  3. Application du barème : En garde alternée, le montant de base est généralement réduit par rapport à une garde exclusive, souvent divisé par 2 ou appliqué avec un coefficient réducteur
  4. Ajustement selon les dépenses : Les frais exceptionnels (frais de santé, scolarité, activités) peuvent être répartis en fonction des revenus

En garde alternée, la répartition des frais suit généralement ces principes :

  • Frais quotidiens : Chaque parent assume les frais courants (nourriture, transport, loisirs) pendant ses périodes de garde
  • Frais exceptionnels : Les frais de santé, scolarité, activités extrascolaires sont généralement répartis proportionnellement aux revenus
  • Frais de logement : Chaque parent assume les frais liés à son logement
  • Équipement de l’enfant : Les achats importants (vêtements, matériel scolaire) peuvent être partagés

En cas de garde alternée, la fiscalité de la pension alimentaire suit les règles classiques :

  • Pour le parent versant : La pension alimentaire versée est déductible des revenus imposables
  • Pour le parent bénéficiaire : La pension alimentaire perçue est considérée comme un revenu imposable
  • Quotient familial : En garde alternée, chaque parent peut généralement compter une demi-part fiscale pour l’enfant

Pour un revenu mensuel de 2000 €, le montant de la pension alimentaire en garde alternée varie selon plusieurs facteurs :

  • Avec un enfant : Environ 100 à 200 € par mois
  • Avec deux enfants : Environ 150 à 300 € par mois
  • Avec trois enfants : Environ 200 à 400 € par mois

Ces montants sont indicatifs et peuvent varier selon les revenus de l’autre parent, les besoins spécifiques de l’enfant et les frais partagés.

Il n’existe pas de différence de salaire spécifique liée à la garde alternée. Ce qui compte, c’est la différence de revenus entre les parents qui détermine l’éventuelle pension alimentaire. Si un parent gagne 2000 € et l’autre 3000 €, une pension alimentaire pourra être fixée pour compenser cette différence, même en garde alternée.

Les termes « garde alternée » et « garde partagée » sont souvent confondus :

  • Garde alternée : Terme juridique précis désignant la résidence alternée de l’enfant chez chacun des parents
  • Garde partagée : Terme plus général qui peut désigner différents modes de garde où les parents partagent le temps avec l’enfant, sans nécessairement qu’il y ait résidence alternée

Plusieurs conditions peuvent exonérer du paiement de la pension alimentaire en garde alternée :

  • Revenus équilibrés : Si les parents ont des revenus similaires et supportent équitablement les frais
  • Accord mutuel : Si les parents s’accordent sur une absence de pension alimentaire
  • Validation judiciaire : L’accord doit être validé par un juge aux affaires familiales
  • Situation financière : En cas de difficultés financières exceptionnelles du parent débiteur

Oui, la pension alimentaire peut être modifiée en cas de changement de situation :

  • Évolution des revenus : Augmentation ou diminution significative des revenus
  • Modification des besoins : Changement dans les besoins de l’enfant
  • Changement de mode de garde : Passage d’une garde alternée à une garde exclusive ou inversement

En cas de non-paiement de la pension alimentaire, plusieurs recours existent :

  • Saisie sur salaire : Prélèvement direct sur le salaire du débiteur
  • Saisie sur comptes : Prélèvement sur les comptes bancaires
  • Aide de la CAF : Service de recouvrement des pensions alimentaires
  • Procédure de recouvrement : Mise en place par un huissier de justice

La garde alternée et la pension alimentaire nécessitent une approche équilibrée qui prend en compte les intérêts de l’enfant et les capacités financières de chaque parent. Il est recommandé de consulter un avocat spécialisé en droit de la famille pour obtenir des conseils personnalisés selon votre situation spécifique.