PER : définition, avantages fiscaux et stratégies d'optimisation.

Alan Bourel - Arkefact Investissement - Gestion de patrimoine
Alan Bourel
Fondateur et ingénieur patrimonial
Temps de lecture
7 minutes

Introduction.

Le Plan d’Épargne Retraite (PER) représente l’une des innovations majeures du système d’épargne retraite français depuis la loi PACTE de 2019. Ce dispositif unifié remplace progressivement les anciens produits d’épargne retraite et offre une solution moderne, flexible et attractive pour préparer sa retraite. Dans un contexte où les préoccupations concernant le financement des retraites ne cessent de croître, le PER s’impose comme un outil incontournable pour sécuriser son avenir financier.

Cet article rédigé par Arkefact gestion de patrimoine Angers propose une analyse exhaustive du PER, depuis ses fondements théoriques jusqu’aux stratégies d’optimisation les plus avancées. Nous explorerons en détail les trois catégories de PER, leurs avantages fiscaux, les modalités de fonctionnement, ainsi que les meilleures pratiques pour maximiser son efficacité. Que vous soyez un particulier souhaitant préparer votre retraite, un professionnel des finances ou un chef d’entreprise envisageant de mettre en place un dispositif pour vos salariés, ce guide complet vous apportera toutes les clés pour comprendre et maîtriser cet outil d’épargne retraite incontournable.

Définition et principe fondamental.

Définition.

Le Plan d’Épargne Retraite est un produit d’épargne à long terme spécifiquement conçu pour constituer un complément de revenus lors de la retraite. Créé par la loi PACTE (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises) du 22 mai 2019, le PER unifie et simplifie l’ancien paysage de l’épargne retraite français qui était auparavant composé de multiples dispositifs complexes et parfois redondants.

Principe fondamental.

Le PER fonctionne selon le principe de la capitalisation : les cotisations versées sont investies sur les marchés financiers et génèrent des rendements qui s’accumulent jusqu’à la retraite. À la différence du système de retraite par répartition, où les cotisations des actifs financent immédiatement les pensions des retraités, le PER permet de constituer un capital personnel qui sera restitué sous forme de rente ou de capital au moment du départ à la retraite.

Les trois catégories de PER.

Le PER individuel (PERin).

Le PER individuel est accessible à tous, sans condition d’âge, de revenus ou de statut professionnel. Il peut être souscrit auprès d’un assureur, d’une banque, d’une société de gestion ou d’un conseiller en investissements financiers. Ce produit offre une grande liberté dans le choix des supports d’investissement et permet des versements libres et réguliers selon les capacités financières de l’épargnant.

Le PERin se caractérise par sa portabilité totale : il suit l’épargnant tout au long de sa carrière, indépendamment des changements d’employeur ou de statut professionnel. Cette caractéristique en fait un outil particulièrement adapté aux parcours professionnels modernes, souvent marqués par la mobilité et la diversité des statuts.

Le PER d'entreprise collectif (PERcol).

Le PER collectif est mis en place par l’employeur au bénéfice de tout ou partie de ses salariés. Il remplace l’ancien PERCO (Plan d’Épargne pour la Retraite Collectif) et bénéficie des mêmes avantages en termes d’alimentation : versements volontaires des salariés, abondement de l’employeur, versement de la participation et de l’intéressement.

Ce dispositif présente l’avantage de mutualiser les coûts de gestion et de bénéficier souvent de conditions tarifaires préférentielles négociées par l’entreprise. Les salariés peuvent également profiter de l’expertise de gestionnaires professionnels sélectionnés par l’employeur pour optimiser la gestion des investissements.

Le PER d'entreprise obligatoire (PERob).

Le PER obligatoire s’adresse aux entreprises qui souhaitent mettre en place un régime de retraite supplémentaire obligatoire pour leurs salariés. Il remplace les anciens contrats de retraite supplémentaire (article 83, PERE) et permet aux entreprises de proposer un avantage social significatif tout en bénéficiant d’une déduction fiscale sur les cotisations versées.

Ce type de PER est particulièrement apprécié dans les secteurs où la concurrence pour attirer et retenir les talents est forte, car il constitue un élément différenciant important dans la politique de rémunération globale de l’entreprise.

Les avantages fiscaux du PER.

Déduction fiscale des versements.

L’un des atouts majeurs du PER réside dans ses avantages fiscaux à l’entrée. Les versements effectués sur un PER sont déductibles du revenu imposable, dans la limite d’un plafond annuel. Ce plafond correspond au plus élevé des deux montants suivants :

  • 10% des revenus d’activité professionnelle de l’année précédente, dans la limite de 8 fois le plafond annuel de la Sécurité sociale
  • 10% du plafond annuel de la Sécurité sociale (soit environ 4 600 euros pour 2024)

Report de déduction.

Une innovation importante du PER réside dans la possibilité de reporter les droits à déduction non utilisés.
Si un épargnant ne peut pas ou ne souhaite pas utiliser l’intégralité de ses droits à déduction sur une année donnée, ces droits sont stockés pendant trois ans. Il pourra les utiliser dans ce délai, faute de quoi ils expireront.

Le montant disponible est indiqué sur l’avis d’imposition, dans la rubrique « Plafond épargne retraite ».
Cette flexibilité permet d’optimiser la déduction fiscale en fonction de l’évolution des revenus et de la situation personnelle.

Exonération des plus-values.

Pendant la phase d’épargne, les plus-values réalisées au sein du PER ne sont pas imposées. Cette exonération permet une capitalisation optimale des investissements, sans érosion fiscale annuelle. Seuls les dividendes et intérêts peuvent être soumis aux prélèvements sociaux dans certains cas spécifiques.

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Les cas de déblocage anticipé.

Accidents de la vie.

  • Décès du conjoint ou du partenaire de PACS
  • Invalidité de l’épargnant, de son conjoint, de ses enfants ou de son partenaire de PACS
  • Situation de surendettement
  • Cessation d’activité non salariée suite à un jugement de liquidation judiciaire
  • Chômage de longue durée (plus d’un an)

Acquisition de la résidence principale.

Le PER peut être débloqué pour financer l’acquisition de la résidence principale. Cette possibilité, héritée des anciens dispositifs, maintient la vocation immobilière de l’épargne retraite française.

Stratégies d'optimisation.

Optimisation fiscale.

Pour maximiser l’avantage fiscal du PER, il convient de :

  • Utiliser ses droits à déduction en priorité lors des années de revenus élevés
  • Reporter les droits non utilisés pour les années futures (automatique)
  • Coordonner les versements avec les autres dispositifs de défiscalisation

Allocation d'actifs.

Une stratégie d’investissement efficace doit tenir compte de :

  • L’horizon de placement jusqu’à la retraite
  • La capacité de risque et l’aversion au risque de l’épargnant
  • La nécessité de diversification géographique et sectorielle
  • L’évolution de l’allocation en fonction de l’âge

Coordination avec les autres dispositifs.

Le PER doit s’intégrer dans une stratégie globale de préparation à la retraite incluant :

  • L’assurance vie pour la partie disponible de l’épargne
  • L’immobilier locatif pour la diversification patrimoniale
  • Les autres dispositifs de défiscalisation (PEA, compte-titres)

Conclusion.

Le PER représente une évolution majeure du paysage de l’épargne retraite français. Sa flexibilité, ses avantages fiscaux et sa simplicité en font un outil incontournable pour préparer sa retraite. Cependant, comme tout placement à long terme, il nécessite une réflexion approfondie sur ses objectifs, sa situation financière et sa stratégie patrimoniale globale.

L’efficacité du PER dépend largement de la régularité des versements, de la pertinence de l’allocation d’actifs et de l’optimisation fiscale des versements et des sorties. Dans un environnement où l’incertitude sur l’avenir des retraites par répartition grandit, le PER offre une solution concrète pour prendre en main sa préparation à la retraite et sécuriser son niveau de vie futur.

La réussite d’une stratégie PER repose sur une approche de long terme, une diversification appropriée et un suivi régulier adapté à l’évolution de sa situation personnelle et professionnelle. Accompagné par un conseil financier de qualité, le PER peut devenir le pilier d’une retraite sereine et confortable.

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Questions

FAQ.

Le PER est un produit d’épargne à long terme, destiné à préparer la retraite. Institué par la loi Pacte en 2019, il remplace progressivement les anciens dispositifs (PERP, Madelin, PERCO, etc.). Il permet de se constituer un capital ou une rente pour la retraite, avec des avantages fiscaux à l’entrée et une grande souplesse à la sortie.

Il existe trois types de PER :
– Le PER individuel (PERIN), accessible à tous, salariés ou non.
– Le PER d’entreprise collectif (PERECO), proposé par l’employeur à tous les salariés.
– Le PER d’entreprise obligatoire (PERO), réservé à certaines catégories de salariés, avec des versements imposés.

Les versements volontaires sur un PER individuel ou collectif sont déductibles du revenu imposable, dans la limite des plafonds fixés par l’administration fiscale. Cela permet de réduire l’imposition actuelle, en contrepartie d’un blocage de l’épargne jusqu’à la retraite. À la sortie, le capital ou la rente est soumis à l’impôt selon des modalités spécifiques.

Oui, il existe des cas de déblocage anticipé autorisés, appelés cas de ‘force majeure’. Les plus fréquents sont : le décès du conjoint, l’invalidité, le surendettement, la fin de droits au chômage, ou l’acquisition de la résidence principale (uniquement pour le PER individuel).

À la retraite, l’épargne du PER peut être perçue sous forme de capital ou de rente. En cas de sortie en capital (volontaire ou pour l’achat d’une résidence principale), les versements déduits sont imposés à l’IR et les plus-values aux prélèvements sociaux (17,2 %). En cas de sortie en rente, celle-ci est soumise à l’impôt sur le revenu selon les règles des rentes viagères à titre gratuit.

Il est possible de renoncer à la déduction fiscale à l’entrée. Dans ce cas, les sommes versées ne réduisent pas l’impôt sur le revenu, mais la fiscalité à la sortie est plus avantageuse : le capital récupéré est exonéré d’IR (seules les plus-values sont soumises aux prélèvements sociaux).

En cas de décès, le PER est transmis aux bénéficiaires désignés. Les capitaux transmis bénéficient d’un régime fiscal spécifique selon l’âge du titulaire au moment du décès, et selon le montant transmis. Une exonération partielle ou totale peut s’appliquer dans certaines conditions.

Oui, il est possible de transférer les anciens contrats (PERP, Madelin, PERCO, etc.) vers un PER, souvent sans frais. Cela permet de regrouper l’épargne retraite dans un seul produit, plus souple et plus avantageux fiscalement.

Le plafond de déduction est indiqué chaque année sur l’avis d’imposition, dans la rubrique ‘Plafond épargne retraite’. Si une partie de ce plafond n’est pas utilisée une année, elle peut être reportée pendant trois ans.

Les PER proposent généralement une gamme de supports variés : fonds en euros sécurisés, unités de compte (actions, obligations, SCPI…). Par défaut, l’épargne est gérée en ‘gestion pilotée à horizon’, ajustant progressivement le risque à l’approche de la retraite.

Le PER présente plusieurs avantages majeurs. Il permet de bénéficier d’une déduction fiscale immédiate sur les versements (dans la limite des plafonds annuels), ce qui réduit votre impôt sur le revenu. Les sommes investies fructifient ensuite sans taxation pendant toute la phase d’épargne. Le PER offre également une grande flexibilité avec des possibilités de sortie en capital ou en rente viagère, et permet des retraits anticipés dans certaines situations exceptionnelles (acquisition de la résidence principale, surendettement, invalidité, décès du conjoint, fin de droits au chômage).

Avec un capital de 100.000 euros dans un PER, la rente viagère mensuelle dépend principalement de votre âge au moment de la liquidation et de votre espérance de vie. À titre indicatif, à 62 ans, vous pourriez percevoir environ 300 à 400 euros de rente mensuelle viagère. À 67 ans, cette rente pourrait atteindre 400 à 500 euros par mois. Ces montants varient selon les barèmes des assureurs et les conditions du marché au moment de la conversion.

Le PER comporte plusieurs risques à considérer. Le principal est le risque de perte en capital, particulièrement si vous optez pour des supports en unités de compte (actions, obligations). Il existe aussi un risque de liquidité car les fonds sont bloqués jusqu’à la retraite (sauf cas exceptionnels). Le risque d’inflation peut éroder la valeur de votre épargne sur le long terme. Enfin, il y a un risque fiscal futur : les rentes perçues seront imposables, et la fiscalité pourrait évoluer défavorablement d’ici votre retraite.

Le PER vaut le coup pour la plupart des épargnants, notamment ceux qui sont dans une tranche d’imposition élevée et qui peuvent bénéficier pleinement de la déduction fiscale. Il est particulièrement intéressant pour préparer sa retraite sur le long terme grâce à l’effet de capitalisation. Cependant, il faut pouvoir se passer de cette épargne jusqu’à la retraite et accepter une certaine incertitude sur les rendements futurs. Pour maximiser son intérêt, il convient de diversifier les supports d’investissement et de commencer tôt.

Les principaux inconvénients du PER incluent l’illiquidité des fonds qui sont bloqués jusqu’à la retraite (sauf exceptions). Les frais peuvent être élevés selon les contrats (frais d’entrée, de gestion, d’arbitrage). La fiscalité à la sortie est souvent méconnue : les rentes sont imposables comme des revenus, ce qui peut créer de mauvaises surprises. Il existe aussi une incertitude réglementaire car les règles fiscales et les plafonds peuvent évoluer. Enfin, la performance n’est pas garantie, particulièrement sur les supports en unités de compte.

Pour obtenir une rente viagère de 100 euros par mois, il faut compter environ 25.000 à 30.000 euros de capital selon votre âge au moment de la liquidation. Plus vous êtes jeune au moment de partir en retraite, plus le capital nécessaire sera important car l’espérance de vie est plus longue. À 62 ans, comptez environ 30.000 euros de capital. À 67 ans, environ 25.000 euros suffisent généralement. Ces montants peuvent varier selon les barèmes des assureurs et les conditions économiques.

Pour obtenir une rente de 300 euros par mois, plusieurs stratégies sont possibles. Avec un PER, il faudrait constituer un capital d’environ 75.000 à 90.000 euros selon votre âge de départ. Vous pouvez y parvenir en versant régulièrement : par exemple, 200 euros par mois pendant 25 ans avec un rendement de 4% annuel vous donnerait environ 100.000 euros. Alternativement, vous pouvez combiner plusieurs solutions : PER + assurance-vie + investissements immobiliers locatifs pour diversifier vos sources de revenus à la retraite.

Un PER peut être souscrit dès la majorité, soit 18 ans. Plus on commence tôt, plus l’effet de capitalisation joue en faveur de l’épargnant. Commencer à 25 ans plutôt qu’à 35 ans peut faire une différence considérable sur le capital final grâce aux intérêts composés. Il n’y a pas d’âge limite pour souscrire, mais l’intérêt diminue si on commence trop tard car on a moins de temps pour bénéficier de la croissance du capital.

Oui, il est possible de transférer son PER d’un établissement financier à un autre sans perdre l’antériorité fiscale ni les avantages acquis. Cette portabilité est un avantage important du PER par rapport aux anciens produits de retraite. Le transfert est gratuit et peut être motivé par la recherche de meilleurs frais, de supports d’investissement plus performants, ou d’un meilleur service client. Il faut cependant vérifier les conditions de sortie de l’ancien contrat qui peuvent parfois prévoir des pénalités.

Les sorties en capital du PER bénéficient d’une fiscalité avantageuse. Seuls les gains sont imposés, pas les versements qui avaient été déduits. L’imposition suit le barème progressif de l’impôt sur le revenu, mais avec un abattement de 10% pour durée de détention. Il est possible d’opter pour le prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30% sur les gains. Les prélèvements sociaux de 17,2% s’appliquent également. Cette fiscalité reste généralement plus avantageuse que celle des rentes qui sont imposées comme des revenus.

Les plafonds de déduction fiscale du PER dépendent de votre situation professionnelle et de vos revenus. Pour les salariés, le plafond est de 10% des revenus professionnels de l’année précédente, avec un minimum de 10% du PASS (environ 4.300 euros en 2024) et un maximum de 10% de 8 PASS (environ 35.000 euros). Les travailleurs non-salariés ont des plafonds spécifiques liés à leurs cotisations retraite obligatoires. Il est possible de reporter les plafonds non utilisés sur les trois années suivantes, offrant une certaine souplesse dans la gestion fiscale.