Exit tax : Définition, règles, calcul et stratégies d'optimisation.

Alan Bourel - Arkefact Investissement - Gestion de patrimoine
Alan Bourel
Fondateur et ingénieur patrimonial
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5 minutes

Introduction.

L’exit tax, également appelée « taxe de sortie » ou « impôt de sortie », constitue l’un des mécanismes fiscaux les plus complexes et controversés du système fiscal français. Ce dispositif, introduit en 2011 puis considérablement renforcé en 2012, vise à taxer les plus-values latentes détenues par les contribuables qui quittent le territoire français pour s’installer dans un autre pays. Cette mesure anti-évasion fiscale répond à une problématique majeure : empêcher les contribuables de partir à l’étranger uniquement pour échapper à l’imposition française de leurs gains en capital.

Cet article rédigé par Arkefact gestion de patrimoine Nice propose une analyse exhaustive et détaillée de l’exit tax française, abordant ses mécanismes de fonctionnement, ses conditions d’application, ses implications pratiques et les stratégies d’optimisation possibles pour les contribuables concernés.

Définition et principe fondamental.

Définition.

L’exit tax est un impôt fictif qui s’applique lors du transfert de domicile fiscal hors de France. Elle repose sur le principe d’une imposition immédiate des plus-values latentes, c’est-à-dire des gains potentiels non encore réalisés sur les actifs détenus par le contribuable. Concrètement, l’administration fiscale considère que le départ de France équivaut à une cession fictive des biens concernés, déclenchant ainsi l’imposition des plus-values qui auraient été taxées si ces biens avaient été effectivement vendus.

Principe fondamental.

Ce mécanisme vise à préserver l’assiette fiscale française et à éviter que les contribuables ne puissent échapper à l’impôt en transférant leur résidence fiscale dans des pays à fiscalité plus avantageuse, notamment en matière de plus-values mobilières.

Champ d'application et conditions.

Condition de résidence.

Le contribuable doit avoir été fiscalement domicilié en France pendant au moins six années au cours des dix années précédant son départ. Cette condition évite d’appliquer la mesure aux résidents temporaires ou aux personnes récemment installées en France.

Condition de détention.

Le contribuable doit détenir, directement ou indirectement, plus de 50% des droits de vote ou des droits aux bénéfices d’une société soumise à l’impôt sur les sociétés, ou des titres d’une valeur supérieure à 1,3 million d’euros dans une ou plusieurs sociétés.

Condition de départ.

Le contribuable doit transférer son domicile fiscal hors de France, vers n’importe quel pays, qu’il soit ou non lié à la France par une convention fiscale.

Actifs concernés.

  • Les actions de sociétés françaises ou étrangères
  • Les parts de sociétés civiles ou commerciales
  • Les parts d’organismes de placement collectif
  • Les droits démembrés (usufruit, nue-propriété)
  • Les titres détenus par l’intermédiaire de structures interposées

En revanche, certains actifs échappent à l’exit tax, notamment les biens immobiliers qui restent soumis au régime de droit commun des plus-values immobilières.

Calcul et modalités de l'exit tax.

Base de calcul.

La base imposable à l’exit tax correspond à la différence entre la valeur des titres au jour du transfert de domicile et leur prix d’acquisition ou leur valeur d’origine. Cette évaluation doit être effectuée avec précision, car elle détermine directement le montant de l’impôt dû.

Pour les titres cotés, la valeur retenue est généralement le cours de bourse au jour du départ. Pour les titres non cotés, il convient de procéder à une évaluation selon les méthodes admises par l’administration fiscale : actualisation des flux futurs, méthode des comparables, valeur mathématique, etc.

Taux d'imposition.

L’exit tax est soumise au taux de 19% au titre de l’impôt sur le revenu, auquel s’ajoutent les prélèvements sociaux au taux de 17,2%, soit un taux global de 36,2%. Ce taux s’applique à l’ensemble de la plus-value latente calculée.

Il convient de noter que les abattements pour durée de détention, normalement applicables aux plus-values de cession de valeurs mobilières, ne s’appliquent pas en matière d’exit tax. Cette spécificité rend le dispositif particulièrement pénalisant pour les détenteurs de participations anciennes.

Modalités de paiement.

  • Paiement immédiat : Le contribuable peut choisir de s’acquitter immédiatement de l’intégralité de l’impôt dû. Cette option présente l’avantage de solder définitivement l’obligation fiscale.

  • Paiement différé : Sous certaines conditions, notamment lorsque le contribuable s’installe dans un État membre de l’Union européenne ou dans un État ayant conclu avec la France une convention d’assistance administrative, il peut demander le report de paiement de l’exit tax. Ce report est accordé tant que les titres concernés ne sont pas effectivement cédés.

  • Paiement fractionné : En cas de difficultés financières, il est possible de demander un étalement du paiement sur plusieurs années, sous réserve de constituer des garanties suffisantes.

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Obligations déclaratives et procédurales.

Déclaration de l'exit tax.

Le contribuable soumis à l’exit tax doit respecter des obligations déclaratives strictes. La déclaration doit être déposée dans les délais de droit commun de la déclaration de revenus, soit au plus tard le 31 mai de l’année suivant celle du départ (ou des dates ultérieures pour les déclarations en ligne).

Cette déclaration doit comporter :

  • L’identification précise des titres concernés
  • Leur valeur au jour du départ
  • Le calcul de la plus-value latente
  • Le montant de l’exit tax due

Documentation et justificatifs.

L’administration fiscale peut demander de nombreux justificatifs : preuves de la valeur des titres, justificatifs du prix d’acquisition, attestations de domiciliation, etc. La constitution d’un dossier complet et documenté est essentielle pour éviter les redressements.

Contrôle et contentieux.

L’exit tax fait l’objet de contrôles fréquents de la part de l’administration fiscale. Les enjeux financiers importants et la complexité des évaluations rendent ces contrôles particulièrement techniques. En cas de désaccord, le contribuable peut contester la position de l’administration devant les tribunaux compétents.

Stratégies d'optimisation et de planification.

Planification patrimoniale.

  • Cession préalable : Céder tout ou partie des titres avant le départ peut permettre d’échapper à l’exit tax, tout en bénéficiant des abattements pour durée de détention.

  • Structuration patrimoniale : Réorganiser son patrimoine en amont du départ, par exemple en passant sous les seuils de déclenchement.

  • Choix du pays de destination : Privilégier un pays ayant conclu une convention fiscale favorable avec la France.

Gestion des risques.

Il est essentiel de bien évaluer les risques liés à l’exit tax et de mettre en place les mesures appropriées : constitution de garanties, négociation d’un échelonnement, mise en place d’une assurance, etc.

Conclusion.

L’exit tax constitue un dispositif fiscal majeur du système français, répondant à des objectifs légitimes de lutte contre l’évasion fiscale. Cependant, sa complexité et ses effets parfois disproportionnés appellent une réflexion approfondie sur son évolution. Pour les contribuables concernés, une planification patrimoniale rigoureuse et un accompagnement spécialisé sont indispensables pour naviguer dans ce environnement fiscal complexe tout en respectant leurs obligations légales.

Au sein de Arkefact, nous vous accompagnons, en collaboration avec des avocats fiscalistes spécialisés sur ces questions, afin d’organiser cette opération et de vous garantir les meilleures conditions de sortie.

La compréhension fine de ce dispositif est essentielle pour tous les acteurs concernés : contribuables, conseils, administration fiscale. Elle permet d’assurer une application équitable et efficace de cette mesure qui, malgré ses imperfections, participe à la préservation de l’équité fiscale et à la protection des recettes publiques françaises.

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Questions

FAQ.

L’exit tax (ou taxe de sortie) est un dispositif fiscal français mis en place en 2011 sous Nicolas Sarkozy pour lutter contre l’évasion fiscale. Elle vise à taxer les plus-values latentes des contribuables qui transfèrent leur résidence fiscale à l’étranger. L’objectif est d’éviter que des contribuables partent juste avant de réaliser leurs plus-values pour échapper à l’impôt français. Cette taxe permet à l’État français de préserver son pouvoir d’imposition sur les gains accumulés pendant la période de résidence fiscale en France.

En 2018, Emmanuel Macron avait assoupli les règles de l’exit tax, réduisant notamment la durée pendant laquelle la taxation était applicable, ainsi que le seuil de patrimoine concerné. Cependant, le projet de loi de finances 2025 prévoit un durcissement significatif des règles. Les sénateurs ont adopté ce 26 novembre 2024 un amendement du groupe communiste et de plusieurs membres du groupe centriste visant à durcir les règles de l’« exit tax ». Ces modifications visent notamment à renforcer la lutte contre l’exil fiscal des sociétés bénéficiant d’aides publiques.

L’exit tax concerne principalement les particuliers détenant des participations importantes dans des sociétés, mais elle s’applique aussi aux entreprises dans certains cas. Pour 2025, l’accent est particulièrement mis sur les sociétés qui transfèrent leur siège fiscal à l’étranger après avoir bénéficié d’aides publiques en France. Le dispositif vise autant les entrepreneurs individuels que les structures sociétaires qui cherchent à optimiser leur fiscalité en changeant de résidence fiscale.

L’exit tax s’applique automatiquement lorsqu’un contribuable français transfère sa résidence fiscale à l’étranger et détient des participations significatives dans des sociétés. L’exit tax s’applique sur les plus-values latentes réalisées au moment du départ à l’étranger, c’est-à-dire la différence entre la valeur actuelle des actifs et leur prix d’acquisition. Le contribuable doit déclarer ces plus-values latentes et s’acquitter de l’impôt correspondant, même si les titres n’ont pas été effectivement cédés.

Le calcul de l’exit tax se base sur les plus-values latentes des participations détenues. On calcule la différence entre la valeur de marché des titres au moment du départ et leur prix d’acquisition. Cette plus-value latente est ensuite soumise au barème progressif de l’impôt sur le revenu, majoré des prélèvements sociaux. Le taux d’imposition dépend donc de la tranche marginale d’imposition du contribuable et peut atteindre jusqu’à 47,2% (45% d’impôt sur le revenu + 17,2% de prélèvements sociaux) pour les plus hauts revenus.

La flat tax (prélèvement forfaitaire unique) de 30% s’applique aux revenus de capitaux mobiliers (dividendes, intérêts, plus-values mobilières) des résidents fiscaux français. The Flat Tax remains set at 30% for capital income in 2025. This applies to French tax residents. Elle concerne tous les contribuables français qui perçoivent des revenus financiers, sauf option contraire pour le barème progressif. Pour les plus-values mobilières, elle s’applique aux cessions supérieures à 50 000 euros par an.

La taxe d’expatriation est le terme couramment utilisé pour désigner l’exit tax. Il s’agit du même dispositif fiscal qui frappe les contribuables quittant la France. Elle concerne spécifiquement les personnes détenant des participations importantes (généralement supérieures à 50 000 euros de valeur) qui transfèrent leur domicile fiscal à l’étranger. Cette taxe vise à éviter l’évasion fiscale liée aux départs vers des pays à fiscalité plus avantageuse.

Plusieurs stratégies légales permettent de limiter ou éviter l’exit tax :

  • Céder les titres avant le départ à l’étranger et payer l’impôt français sur les plus-values réalisées
  • Organiser une donation des titres avant le départ (sous certaines conditions)
  • Vérifier l’éligibilité aux exemptions (missions temporaires, fonctionnaires détachés)
  • Si la valeur des titres est inférieure aux seuils d’application, l’exit tax ne s’applique pas
  • Planifier le départ en tenant compte des conventions fiscales internationales

Le retour en France peut effectivement permettre d’obtenir un dégrèvement de l’exit tax. Le délai à l’expiration duquel les contribuables peuvent obtenir le dégrèvement de l’Exit Tax en sursis de paiement, sauf cession, rachat-annulation des titres ou liquidation de la société intervenant dans l’intervalle a été raccourci. Il est de deux ans pour les contribuables dans certains cas. Le contribuable qui revient s’installer fiscalement en France dans les délais prévus peut demander le dégrèvement de l’exit tax payée, à condition de ne pas avoir cédé les titres concernés pendant son absence.

L’exit tax holding concerne spécifiquement les structures de holding qui transfèrent leur siège social ou leur résidence fiscale à l’étranger. Elle s’applique aux plus-values latentes sur les participations détenues par la holding. Les règles sont similaires à celles applicables aux particuliers, mais avec des spécificités liées au régime des sociétés. La holding doit déclarer et payer l’impôt sur les plus-values latentes de son portefeuille de participations au moment du transfert fiscal.

L’exit tax ne s’applique pas directement aux dividendes futurs, mais aux plus-values latentes sur les titres générateurs de dividendes. Cependant, si un contribuable part à l’étranger en détenant des titres, l’exit tax sera calculée sur la plus-value latente de ces titres, incluant implicitement la valeur actualisée des dividendes futurs dans le prix de marché. Les dividendes perçus après le départ restent soumis à la fiscalité française selon les conventions fiscales internationales.

Le suivi de la déclaration d’exit tax s’effectue principalement via :

  • L’espace personnel sur le site impots.gouv.fr
  • Les correspondances avec le service des impôts des non-résidents (SINR)
  • Le suivi du sursis de paiement si cette option a été choisie
  • Les échéances de paiement programmées
  • La gestion du représentant fiscal si nécessaire Il est recommandé de conserver tous les justificatifs et de maintenir un contact régulier avec l’administration fiscale, notamment en cas de changement de situation.