Démembrement de propriété : Guide complet 2025.

Alan Bourel - Arkefact Investissement - Gestion de patrimoine
Alan Bourel
Fondateur et ingénieur patrimonial
Temps de lecture
10 minutes

Introduction.

Le démembrement de propriété constitue une technique juridique et patrimoniale sophistiquée, permettant de diviser les attributs du droit de propriété entre plusieurs personnes. Cette pratique, encadrée par le Code civil français, représente un outil stratégique dans la gestion et la transmission du patrimoine. Loin d’être un simple mécanisme juridique, le démembrement de propriété offre des perspectives avantageuses tant sur le plan fiscal que successoral, ce qui explique son utilisation croissante dans les stratégies patrimoniales contemporaines.

Ce guide approfondi créé par notre cabinet Arkefact gestion de patrimoine Le Mans vise à explorer tous les aspects du démembrement de propriété, depuis ses fondements juridiques jusqu’à ses applications pratiques, en passant par ses implications fiscales et successorales. Nous analyserons également les différentes formes que peut prendre le démembrement, les modalités de sa mise en œuvre, ainsi que les avantages et inconvénients qu’il présente pour les différentes parties concernées.

Définition et principe.

La définition et la nature du droit de propriété.

Le droit de propriété, pilier fondamental du système juridique français, est défini par l’article 544 du Code civil comme « le droit de jouir et disposer des choses de la manière la plus absolue, pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois ou par les règlements ». Ce droit se caractérise traditionnellement par trois attributs essentiels:

  1. L’usus (droit d’usage) : la faculté d’utiliser le bien, de s’en servir selon sa destination;
  2. Le fructus (droit de jouissance) : la possibilité de percevoir les fruits et revenus générés par le bien;
  3. L’abusus (droit de disposition) : le pouvoir de disposer du bien, c’est-à-dire de le vendre, le donner, le détruire ou le transformer.

Dans son état normal, le droit de propriété réunit ces trois attributs entre les mains d’une seule personne, le propriétaire, qui jouit alors d’un droit complet sur son bien. Cette conception unitaire du droit de propriété demeure la référence en droit français.

Le principe du démembrement.

Le démembrement de propriété consiste précisément à séparer ces différents attributs du droit de propriété pour les répartir entre plusieurs titulaires. Cette opération juridique permet de dissocier:

  • La nue-propriété: qui correspond essentiellement à l’abusus, c’est-à-dire au droit de disposer du bien;
  • L’usufruit: qui réunit l’usus et le fructus, soit les droits d’user du bien et d’en percevoir les fruits.

Cette séparation crée ainsi deux droits réels distincts mais complémentaires sur un même bien:

  • Le nu-propriétaire détient le droit de disposer du bien, mais ne peut ni l’utiliser ni en percevoir les revenus durant la période du démembrement;
  • L’usufruitier peut utiliser le bien et en percevoir les revenus, mais ne peut pas en disposer librement.

Les formes et modalités.

Les différentes formes de démembrement.

1. Le démembrement usufruit/nue-propriété classique

C’est la forme la plus courante de démembrement, où l’usufruit (usus et fructus) est attribué à une personne et la nue-propriété (abusus) à une autre. Ce schéma typique se retrouve fréquemment dans les donations transgénérationnelles, où les parents se réservent l’usufruit d’un bien tout en donnant la nue-propriété à leurs enfants.

2. Le quasi-usufruit

Le quasi-usufruit s’applique aux biens consomptibles, c’est-à-dire ceux qui se consomment par l’usage, comme l’argent ou les denrées. Dans ce cas particulier, l’article 587 du Code civil confère à l’usufruitier le droit de consommer le bien, à charge pour lui (ou sa succession) de rendre l’équivalent à la fin de l’usufruit.

3. Le droit d’usage et d’habitation

Forme plus restrictive que l’usufruit classique, le droit d’usage et d’habitation, régi par les articles 625 à 636 du Code civil, permet à son titulaire d’utiliser le bien uniquement pour ses besoins personnels et ceux de sa famille, sans possibilité de louer ou de céder ce droit.

Les modalités de création du démembrement.

1. Le démembrement d’origine légale

Certains démembrements sont automatiquement créés par la loi, notamment:

  • L’usufruit légal du conjoint survivant sur le logement familial (article 764 du Code civil);
  • L’usufruit légal du conjoint survivant en l’absence de descendant, selon l’option successorale choisie;
  • Les droits d’usufruit résultant de certaines situations légales spécifiques (tutelle, curatelle, etc.).

2. Le démembrement d’origine conventionnelle

Le démembrement peut résulter d’un acte juridique volontaire:

  • Par donation: les parents donnent la nue-propriété à leurs enfants en se réservant l’usufruit;
  • Par testament: le testateur peut léguer l’usufruit à une personne et la nue-propriété à une autre;
  • Par vente: il est possible d’acheter séparément l’usufruit ou la nue-propriété d’un bien;
  • Par convention ad hoc: un contrat spécifique peut organiser le démembrement selon les besoins des parties.

3. Le démembrement d’origine judiciaire

Dans certaines circonstances, le juge peut ordonner un démembrement, par exemple:

  • Dans le cadre d’un partage judiciaire;
  • Pour protéger les intérêts d’un incapable;
  • En cas de liquidation de régimes matrimoniaux complexes.

La valorisation fiscale des droits démembrés.

La répartition fiscale entre usufruit et nue-propriété varie en fonction de l’âge de l’usufruitier, selon un barème établi par l’administration, dont voici les pourcentages applicables :

  • Moins de 21 ans révolus: 90% pour l’usufruit, 10% pour la nue-propriété
  • De 21 à 30 ans: 80% / 20%
  • De 31 à 40 ans: 70% / 30%
  • De 41 à 50 ans: 60% / 40%
  • De 51 à 60 ans: 50% / 50%
  • De 61 à 70 ans: 40% / 60%
  • De 71 à 80 ans: 30% / 70%
  • De 81 à 90 ans: 20% / 80%
  • À partir de 91 ans: 10% / 90%

Stratégies du démembrement de propriété.

Le démembrement comme outil de transmission patrimoniale.

Le démembrement de propriété est un levier efficace pour organiser la transmission d’un patrimoine. Il permet de transférer la nue-propriété d’un bien tout en conservant l’usufruit, offrant ainsi une solution équilibrée entre anticipation successorale et maintien des revenus pour le donateur. Cette technique permet, par exemple, de donner la nue-propriété à ses enfants tout en gardant l’usage du bien, ou encore de prévoir dans un testament que le conjoint bénéficie de l’usufruit et les enfants de la nue-propriété.

Au-delà de l’optimisation fiscale, le démembrement permet de protéger le conjoint survivant. Une donation au dernier vivant avec option pour l’usufruit universel ou l’acquisition croisée de biens en démembrement assurent au conjoint le maintien dans les lieux ou l’accès aux revenus, sans pour autant priver les héritiers de leurs droits.

Enfin, le démembrement peut s’inscrire dans une logique transgénérationnelle. Des montages comme les donations graduelles ou résiduelles, ou encore l’association du démembrement à une société civile, permettent de transmettre le patrimoine de manière maîtrisée sur plusieurs générations.

Le démembrement comme outil d'investissement.

L’acquisition démembrée permet d’optimiser un investissement immobilier. L’usufruitier bénéficie d’un rendement sur une durée définie, tandis que l’acquéreur de la nue-propriété constitue un patrimoine à moindre coût. Ce montage, souvent soutenu par un crédit adapté aux flux générés, peut être ajusté via un démembrement temporaire conventionnel.

Le principe s’applique aussi aux parts sociales et titres financiers : l’usufruitier perçoit les revenus, la nue-propriété est transmise, et les droits de vote peuvent être répartis selon les objectifs familiaux. Cela permet de maîtriser à la fois la gestion et la fiscalité.

Enfin, certaines structures immobilières comme les sociétés civiles permettent de combiner démembrement et stratégie de transmission. L’usufruit successif ou des montages comme le bail à construction créent des solutions souples, adaptées à des projets à long terme.

Les aspects fiscaux du démembrement

Sur le plan fiscal, la donation en nue-propriété avec réserve d’usufruit est avantageuse. Les droits de donation ne portent que sur la nue-propriété, ce qui réduit l’assiette taxable. À l’extinction de l’usufruit, aucun droit de succession n’est dû. Ce mécanisme permet en outre de profiter des abattements en vigueur et, dans le cadre d’une transmission d’entreprise, de bénéficier du pacte Dutreil.

Concernant les revenus, l’usufruitier est en principe seul imposé. Il déclare les loyers pour les biens immobiliers et les dividendes pour les valeurs mobilières. En présence d’un quasi-usufruit, l’imposition varie selon la nature des biens concernés.

Enfin, pour l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), chaque détenteur — usufruitier ou nu-propriétaire — déclare la valeur de ses droits selon un barème spécifique. Des marges d’optimisation existent selon la structure du patrimoine, notamment en présence de biens professionnels.

La gestion de patrimoine comme levier financier.

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La mise en place pratique du démembrement.

L'analyse préalable et la définition des objectifs.

Avant d’envisager un démembrement de propriété, il est essentiel de procéder à une analyse approfondie de la situation patrimoniale et familiale. Cela inclut un inventaire précis des biens avec leur qualification juridique, ainsi qu’une évaluation des besoins présents et futurs des membres de la famille, notamment les revenus nécessaires à l’usufruitier. Les objectifs prioritaires, comme la transmission, l’optimisation fiscale ou la protection du conjoint, doivent être clairement définis, tout en tenant compte des contraintes personnelles, fiscales ou professionnelles. Il est également utile d’étudier les alternatives pour s’assurer que le démembrement est bien la solution la plus adaptée.
Le choix des biens à démembrer est stratégique : les immeubles sont souvent privilégiés pour leur stabilité et leurs revenus réguliers, mais d’autres actifs (valeurs mobilières, parts sociales, contrats d’assurance-vie) peuvent aussi être envisagés selon leur nature et les objectifs.
Enfin, le mode de démembrement (donation avec réserve d’usufruit, achat en démembrement, démembrement croisé entre époux, etc.) devra être choisi selon la situation et les besoins des parties concernées.

Les modalités pratiques de mise en œuvre.

La mise en place d’un démembrement de propriété nécessite de faire appel à un notaire spécialisé. Une évaluation précise des biens concernés doit être réalisée, notamment pour déterminer la valeur de l’usufruit et de la nue-propriété. Ensuite, l’acte principal (donation, testament, achat en démembrement) sera rédigé, accompagné de conventions annexes pour préciser les modalités pratiques. Il est important de prévoir des mécanismes d’arbitrage en cas de désaccord futur.

Certaines clauses peuvent être ajoutées pour sécuriser l’opération, comme la renonciation anticipée à l’action en réduction dans le cadre familial, la répartition des travaux, ou la possibilité de revenir sur le démembrement sous certaines conditions. D’autres clauses permettent de gérer la vente des biens démembrés ou de définir des modalités spécifiques pour la gestion quotidienne.

Enfin, plusieurs démarches administratives sont nécessaires : publication à la publicité foncière pour les biens immobiliers, inscription au registre du commerce pour les parts sociales, notification aux établissements financiers pour les portefeuilles de titres, et déclaration fiscale pour les donations. Il faut aussi mettre à jour les contrats d’assurance et effectuer les inscriptions comptables pour les biens professionnels.

Le suivi et la gestion du démembrement.

Le suivi du démembrement requiert une organisation claire : définir les rôles de chaque partie (paiement, décisions, gestion des revenus) et, si nécessaire, mettre en place des comptes dédiés. Il faut aussi prévoir des consultations avec le nu-propriétaire pour les décisions importantes et gérer les charges récurrentes avec des comptes-rendus réguliers.

Le démembrement doit s’adapter aux évolutions : révision périodique, ajustement face aux changements familiaux ou patrimoniaux, et solutions en cas de difficultés financières ou de vieillissement de l’usufruitier.

Enfin, il est important de préparer l’extinction du démembrement : organiser la transmission des droits, anticiper les conséquences fiscales et administratives, et planifier la réunion des droits et la liquidation des comptes entre les parties.

Avantages et inconvénients.

Les avantages du démembrement.

Le démembrement de propriété offre plusieurs avantages fiscaux, patrimoniaux et stratégiques. Fiscablement, il permet une réduction de l’assiette des droits de donation et de succession, car seuls la nue-propriété est soumise aux droits. Il offre également une optimisation de l’impôt sur le revenu en répartissant les revenus entre plusieurs contribuables, et il allège l’IFI en répartissant la valeur du bien entre usufruitier et nu-propriétaire.

Du point de vue patrimonial, le démembrement permet de conserver les revenus tout en transmettant la propriété, protège le conjoint survivant grâce à l’usufruit viager et facilite la transmission progressive du patrimoine. Il permet aussi de maintenir un contrôle sur les biens transmis pendant la durée de l’usufruit et évite les blocages successoraux liés aux indivisions.

Enfin, le démembrement présente des avantages stratégiques, comme l’organisation de la transmission d’entreprise tout en maintenant les revenus pour le dirigeant, ou encore la protection contre les créanciers. Il est aussi une solution pour des situations familiales complexes et un levier d’investissement permettant d’acquérir des biens à moindre coût.

Les inconvénients et limites du démembrement.

Le démembrement de propriété présente plusieurs contraintes. Sur le plan juridique, l’interdépendance entre usufruitier et nu-propriétaire peut créer des tensions, notamment pour les actes de disposition et les modifications du bien. La gestion des droits démembrés est complexe, et l’obtention de crédits peut être plus difficile.

D’un point de vue fiscal et financier, les règles sont complexes et nécessitent un suivi rigoureux. Il y a des coûts liés à la mise en place, et la liquidité des droits démembrés est limitée. En outre, la revente des droits peut entraîner une moins-value.

Enfin, sur le plan pratique et psychologique, des conflits peuvent survenir entre les parties, avec des frustrations pour le nu-propriétaire et un sentiment de dépossession pour le donateur. Le mécanisme peut aussi être difficile à comprendre pour les parties prenantes.

Conclusion.

Le démembrement de propriété est un mécanisme juridique puissant, offrant de nombreuses possibilités pour l’organisation patrimoniale, la transmission et l’investissement, tout en présentant des avantages fiscaux notables. Sa flexibilité permet de l’adapter à des situations personnelles et familiales variées. Cependant, sa mise en œuvre nécessite une connaissance approfondie des règles juridiques et fiscales. Si mal maîtrisé, il peut engendrer des conflits et des complications. C’est pourquoi il est essentiel de s’entourer de conseils experts et d’avoir une vision globale avant de se lancer. De plus, face à l’évolution législative, il convient de réévaluer régulièrement les schémas de démembrement pour s’assurer qu’ils demeurent efficaces et adaptés aux objectifs poursuivis. Lorsqu’il est bien conçu, il demeure un outil souple et puissant pour la gestion patrimoniale.

Compte tenu de la complexité du démembrement de propriété et de ses implications juridiques et fiscales, Arkefact vous propose un accompagnement sur mesure pour élaborer, avec vous, une stratégie patrimoniale adaptée à votre situation, à vos objectifs de transmission et à votre cadre familial.

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Questions

FAQ.

Le démembrement de propriété est une opération juridique qui consiste à diviser la pleine propriété d’un bien en deux parties distinctes : l’usufruit et la nue-propriété. L’usufruitier dispose du droit d’utiliser le bien et d’en percevoir les revenus, tandis que le nu-propriétaire détient le droit de disposer du bien sans pouvoir l’utiliser ni en percevoir les fruits.

La valeur de l’usufruit et de la nue-propriété est calculée selon un barème fiscal qui dépend de l’âge de l’usufruitier. Plus l’usufruitier est âgé, moins l’usufruit a de valeur. Par exemple, pour un usufruitier de 61 ans, l’usufruit représente 40% de la valeur du bien et la nue-propriété 60%. Ce barème est défini par l’article 669 du Code général des impôts.

  • Au décès de l’usufruitier, l’usufruit s’éteint automatiquement et le nu-propriétaire devient plein propriétaire du bien, sans formalité particulière ni droits de succession à payer sur cette transmission. C’est l’un des principaux avantages du démembrement en matière de planification successorale.
  • Le démembrement d’un bien immobilier présente plusieurs avantages :

    • Optimisation fiscale : réduction des droits de succession
    • Transmission progressive du patrimoine
    • Conservation d’un droit d’usage et des revenus pour l’usufruitier
    • Protection du conjoint survivant
    • Anticipation successorale tout en conservant la jouissance du bien
    • Réduction de l’assiette imposable à l’IFI (Impôt sur la Fortune Immobilière)

La donation est l’acte juridique par lequel une personne (le donateur) transfère gratuitement la propriété d’un bien à une autre personne (le donataire). Le démembrement, quant à lui, est une technique juridique qui peut s’appliquer dans le cadre d’une donation. Une donation peut porter sur la pleine propriété d’un bien ou seulement sur la nue-propriété (donation avec réserve d’usufruit) ou sur l’usufruit (plus rare). Le démembrement n’est donc pas une alternative à la donation mais une modalité de celle-ci.

Les inconvénients du démembrement comprennent :

  • Complexité juridique et fiscale
  • Limitation des droits pour chaque partie (usufruitier et nu-propriétaire)
  • Nécessité d’accord entre l’usufruitier et le nu-propriétaire pour certaines décisions importantes
  • Risques de tensions familiales en cas de désaccord
  • Difficultés potentielles pour obtenir un financement bancaire
  • Impossibilité pour le nu-propriétaire de vendre le bien sans l’accord de l’usufruitier

 

Le démembrement de propriété se réalise principalement de trois façons :

  1. Par donation : les parents donnent la nue-propriété à leurs enfants tout en conservant l’usufruit
  2. Par achat : acquisition séparée de l’usufruit et de la nue-propriété par différentes personnes
  3. Par testament : transmission de l’usufruit à une personne et de la nue-propriété à une autre

Quelle que soit la méthode choisie, le démembrement doit être formalisé par un acte notarié qui précise les droits et obligations de chacun.

Le coût d’un démembrement comprend :

  • Les frais de notaire : environ 1,5% à 3% de la valeur du bien
  • Les droits de donation si le démembrement résulte d’une donation (après abattements fiscaux)
  • Éventuellement des frais d’enregistrement
  • Des honoraires de conseil (avocat, notaire, expert-comptable) pour la mise en place du montage juridique

Le coût varie selon la valeur du bien, l’âge de l’usufruitier et la technique de démembrement utilisée.

Il n’existe pas d’âge limite légal pour faire une donation immobilière. Toutefois, le donateur doit être sain d’esprit et capable juridiquement. En pratique, plus le donateur est âgé, moins l’opération de démembrement est avantageuse fiscalement, car la valeur de l’usufruit diminue avec l’âge. De plus, certaines donations peuvent être remises en cause si elles sont effectuées peu de temps avant le décès du donateur (présomption de donation déguisée).

En principe, c’est l’usufruitier qui doit payer la taxe foncière, sauf convention contraire entre les parties. L’article 608 du Code civil prévoit que l’usufruitier est tenu de payer les charges annuelles de la propriété, dont fait partie la taxe foncière. La taxe d’habitation, quant à elle, est due par l’occupant effectif du bien au 1er janvier de l’année d’imposition.

Oui, il est tout à fait possible d’acheter une propriété en démembrement avec ses enfants. Cette opération, appelée « achat en démembrement », consiste pour les parents à acquérir l’usufruit d’un bien tandis que les enfants en acquièrent la nue-propriété. Cette solution présente des avantages fiscaux et successoraux. Les parents peuvent jouir du bien et/ou en percevoir les revenus leur vie durant, et au décès du dernier parent usufruitier, les enfants deviennent automatiquement pleins propriétaires sans droits de succession à payer.

Pour réduire ou éviter les droits de succession sur un bien immobilier, plusieurs stratégies sont possibles :

  • Le démembrement de propriété (donation de la nue-propriété avec réserve d’usufruit)
  • Les donations anticipées avec utilisation des abattements fiscaux renouvelables tous les 15 ans
  • L’assurance-vie, qui bénéficie d’un régime fiscal avantageux
  • Le pacte Dutreil pour les biens professionnels
  • La SCI (Société Civile Immobilière) pour faciliter la transmission progressive des parts
  • La donation-partage transgénérationnelle

Les inconvénients d’une donation avec réserve d’usufruit comprennent :

  • Caractère irrévocable de la donation (sauf cas d’ingratitude ou non-respect des conditions)
  • Impossibilité pour le donateur de vendre le bien sans l’accord du nu-propriétaire
  • Obligations d’entretien et charges pour l’usufruitier
  • Risques de mésentente entre usufruitier et nu-propriétaire
  • Difficulté à obtenir un crédit pour des travaux importants
  • Impossibilité pour le nu-propriétaire de disposer pleinement du bien de son vivant

Pour réaliser une donation en démembrement de propriété, vous devez :

  1. Consulter un notaire pour étudier votre situation personnelle et patrimoniale
  2. Déterminer le bien à transmettre et les bénéficiaires (généralement les enfants ou petits-enfants)
  3. Évaluer la valeur du bien et la répartition entre usufruit et nue-propriété
  4. Faire rédiger un acte de donation par le notaire
  5. Signer l’acte authentique devant notaire
  6. Procéder aux formalités d’enregistrement et de publicité foncière

Cette démarche nécessite obligatoirement l’intervention d’un notaire.