Les revenus de plafond non utilisé : définition, fonctionnement et stratégies.

Alan Bourel - Arkefact Investissement - Gestion de patrimoine
Alan Bourel
Fondateur et ingénieur patrimonial
Date de rédaction
18/08/2025

Introduction.

Le concept de « plafond non utilisé revenus » constitue un mécanisme fiscal fondamental qui permet aux contribuables de reporter certains avantages fiscaux non exploités vers les années suivantes. Cette disposition, inscrite dans le Code général des impôts français, vise à garantir une utilisation optimale des dispositifs d’incitation fiscale, particulièrement lorsque les revenus d’une année donnée ne permettent pas de bénéficier pleinement de ces avantages.

Cette notion revêt une importance cruciale dans la stratégie d’optimisation fiscale des particuliers et des entreprises, car elle permet de lisser dans le temps l’impact des investissements et des dépenses ouvrant droit à des réductions ou crédits d’impôt. La maîtrise de ce mécanisme peut représenter des économies fiscales substantielles sur le long terme.

Cet article rédigé par Arkefact Conseil en gestion de patrimoine Nice propose une analyse approfondie du concept de plafond non utilisé revenus, depuis ses fondements juridiques jusqu’aux stratégies d’optimisation les plus efficaces. Il détaille les mécanismes de calcul, présente les dispositifs concernés, et offre des exemples pratiques pour permettre aux lecteurs de saisir pleinement les enjeux et opportunités liés à ce dispositif fiscal complexe mais avantageux.

Définition et cadre légal.

Définition générale.

Le plafond non utilisé revenus désigne la fraction non exploitée des plafonds de réduction d’impôt sur le revenu qui peut être reportée sur les années fiscales suivantes. Ce mécanisme s’applique principalement aux investissements dans certains secteurs économiques privilégiés par la législation fiscale française, tels que l’immobilier locatif, les entreprises innovantes, ou encore les secteurs d’outre-mer.

Base légale.

Ce dispositif trouve sa source dans l’article 199 undecies A du Code général des impôts, qui établit les modalités de report des plafonds non utilisés. La loi de finances rectificative pour 2011 a considérablement renforcé ce mécanisme en l’étendant à de nombreux dispositifs de réduction d’impôt.

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Mécanisme de fonctionnement.

Principe de base.

Le plafonnement global des avantages fiscaux repose sur un mécanisme simple : l’administration fiscale additionne l’ensemble des réductions et crédits d’impôt dont bénéficie le contribuable au titre de ses investissements et dépenses éligibles. Ce total ne peut pas excéder 10 000 € par an et par foyer fiscal (ou 18 000 € pour certains investissements spécifiques, notamment en outre-mer ou via le Girardin industriel). Au-delà de ce plafond, les avantages fiscaux sont perdus. Ce dispositif vise à garantir l’équité du système en limitant l’optimisation fiscale excessive tout en maintenant un cadre incitatif.

Calcul du plafond global.

Le plafond global des réductions et crédits d’impôt est fixé à 10 000 € par foyer fiscal et par an. Certains dispositifs bénéficient toutefois d’un plafond majoré de 18 000 €, notamment les investissements réalisés outre-mer ou dans les SOFICA. Ce plafonnement ne concerne pas toutes les réductions d’impôt : des avantages fiscaux tels que les dons aux œuvres ou les frais de scolarité en sont expressément exclus.

Report du plafond non utilisé.

Lorsque le total des réductions et crédits d’impôt d’un contribuable excède le plafond global applicable (10 000 € ou 18 000 € selon les cas), la fraction excédentaire est définitivement perdue : il n’existe pas de mécanisme de report. En revanche, certains dispositifs particuliers, comme le Plan d’Épargne Retraite (PER), obéissent à des règles spécifiques. Les cotisations déductibles qui n’ont pas pu être utilisées au titre d’une année peuvent, elles, être reportées sur les trois années suivantes, ce qui constitue une exception notable au principe général.

Dispositifs concernés.

Investissements immobiliers.

Les principaux dispositifs immobiliers concernés incluent la loi Pinel, le dispositif Malraux pour la restauration du patrimoine historique, et les investissements en résidences de services. Ces dispositifs représentent souvent des montants d’investissement importants générant des réductions d’impôt substantielles susceptibles de dépasser les plafonds annuels.

La loi Pinel, par exemple, permet une réduction d’impôt pouvant atteindre 21 % du prix d’acquisition sur douze ans, soit potentiellement plusieurs dizaines de milliers d’euros de réduction d’impôt. Pour les contribuables aux revenus modestes, ce montant peut largement excéder le plafond annuel, rendant le mécanisme de report particulièrement avantageux.

Investissements dans les PME.

Les investissements au capital de petites et moyennes entreprises (PME), qu’il s’agisse de souscriptions directes ou via des fonds communs de placement dans l’innovation (FCPI) ou des fonds d’investissement de proximité (FIP), ouvrent droit à une réduction d’impôt sur le revenu de 18 %, portée temporairement à 25 % selon les années. Contrairement à la plupart des autres dispositifs, ces réductions bénéficient d’un mécanisme spécifique : lorsque leur montant excède l’impôt dû, l’excédent peut être reporté sur l’impôt des cinq années suivantes. Ce report ne doit pas être confondu avec le plafonnement global des niches fiscales, auquel ces réductions restent soumises.

Secteurs d'outre-mer.

Les investissements dans les départements et territoires d’outre-mer français bénéficient de dispositifs fiscaux particulièrement avantageux. La loi Girardin industrielle et la loi Girardin agricole permettent des réductions d’impôt pouvant atteindre 120 % des sommes investies dans certains cas, générant mécaniquement des plafonds non utilisés importants.

Autres dispositifs.

D’autres investissements entrent dans le champ d’application du plafonnement et du report, notamment les souscriptions au capital de SOFICA (sociétés de financement de l’industrie cinématographique et de l’audiovisuel), les investissements dans les DOM-TOM via les SCPI fiscales, ou encore certains dispositifs de défiscalisation forestière.

Stratégies d'optimisation.

Planification pluriannuelle.

L’existence du mécanisme de plafond non utilisé impose une approche de planification fiscale sur plusieurs années. Les contribuables doivent anticiper l’évolution de leurs revenus et de leurs capacités d’absorption des réductions d’impôt pour optimiser le timing de leurs investissements.

Une stratégie efficace consiste à étaler les investissements défiscalisants sur plusieurs années, en fonction de l’évolution prévisible des revenus. Cette approche permet d’éviter la constitution de plafonds non utilisés importants tout en maximisant l’efficacité fiscale immédiate des investissements.

Gestion des revenus variables.

Pour les contribuables aux revenus fluctuants (professions libérales, dirigeants d’entreprise, etc.), la gestion des plafonds non utilisés revêt une importance particulière. Les années de faibles revenus peuvent être mises à profit pour « consommer » les plafonds reportés, tandis que les années de hauts revenus peuvent être utilisées pour constituer de nouveaux plafonds non utilisés.

Optimisation familiale.

Dans le cadre d’une optimisation fiscale familiale, la répartition des investissements entre conjoints peut permettre de maximiser l’utilisation des plafonds disponibles. Cette stratégie nécessite une coordination fine entre les différents membres du foyer fiscal.

Conclusion.

Le mécanisme des plafonds non utilisés revenus constitue un outil d’optimisation fiscale puissant mais complexe, nécessitant une approche méthodique et une planification rigoureuse. Sa maîtrise permet aux contribuables de maximiser l’efficacité de leurs investissements défiscalisants tout en s’adaptant aux fluctuations de leurs revenus.

L’évolution constante de la réglementation fiscale impose une vigilance permanente et une adaptation continue des stratégies. Dans ce contexte, l’accompagnement par des professionnels qualifiés et la mise en place d’un suivi rigoureux des plafonds disponibles deviennent des éléments clés de la réussite d’une stratégie d’optimisation fiscale durable.

La compréhension approfondie de ce mécanisme et de ses subtilités permet aux contribuables de transformer une contrainte réglementaire en avantage stratégique, optimisant ainsi leur fiscalité sur le long terme tout en contribuant au financement de secteurs économiques prioritaires.

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Questions

FAQ.

Le plafond non utilisé revenus correspond à la partie de votre plafond de déduction fiscale qui n’a pas été exploitée au cours d’une année et qui peut parfois être reportée sur les années suivantes, selon le dispositif fiscal concerné.

Le plafond épargne retraite non utilisé désigne la somme de déduction disponible que vous n’avez pas encore utilisée pour vos versements sur un produit d’épargne retraite, et qui peut être cumulée ou utilisée plus tard.

Le plafond de déduction est le montant maximal que vous pouvez déduire de vos revenus imposables au titre de certaines charges ou versements, comme l’épargne retraite, les frais réels ou certaines réductions spécifiques.

Ce plafond dépend du dispositif fiscal. Par exemple, certaines aides ou exonérations sont soumises à un plafond de revenus fixé chaque année par l’administration fiscale.

Pour utiliser un plafond non utilisé revenus, il faut effectuer des versements ou dépenses éligibles avant la fin de l’année fiscale, ou profiter du report autorisé sur les années suivantes (dans le cas de l’épargne retraite, par exemple).

Vous pouvez utiliser votre plafond d’épargne retraite en versant une somme sur un PER ou un autre produit éligible avant le 31 décembre de l’année en cours, afin de bénéficier de la déduction fiscale correspondante.

Il varie chaque année et dépend de votre situation familiale. En 2025, il correspond au seuil de revenu net imposable en dessous duquel le montant de l’impôt est nul.

Elle correspond au plafond maximal fixé par la loi pour chaque type de déduction fiscale. Ce plafond peut être différent selon qu’il s’agit d’une déduction pour épargne retraite, frais réels ou autres avantages fiscaux.

En fiscalité, la notion de plafond non utilisé concerne principalement l’épargne retraite (PER, ex-PERP, contrats Madelin retraite). Chaque année, un contribuable dispose d’un montant maximum de versements déductibles de son revenu imposable. Ce plafond est égal à :

  • 10 % des revenus professionnels nets imposables de l’année précédente, dans la limite de 8 fois le plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS),
  • ou, si plus avantageux, 10 % du PASS de l’année précédente.

Si le contribuable n’utilise pas intégralement ce plafond au cours d’une année, la fraction non utilisée devient un plafond reportable. Elle peut être utilisée au cours des trois années suivantes, venant ainsi s’ajouter au plafond de déduction disponible.

Exemple :
Un contribuable déclare en 2024 des revenus professionnels nets imposables de 40 000 €.
Son plafond de déduction PER pour 2025 est donc de 4 000 € (10 % de 40 000).
S’il ne fait aucun versement en 2025, ces 4 000 € constituent un plafond non utilisé, qu’il pourra reporter et utiliser jusqu’en 2028.

Ce mécanisme est propre à l’épargne retraite. À l’inverse, pour le plafonnement global des niches fiscales (10 000 € ou 18 000 € selon les cas), il n’existe aucun système de report (sauf exceptions) : la part du plafond non utilisée est simplement perdue.

Oui, pour certains dispositifs comme le PER, le plafond non utilisé revenus peut être reporté sur les trois années suivantes.

Oui, il existe une mutualisation possible du plafond entre époux ou partenaires de PACS soumis à une imposition commune.

Vous pouvez le consulter sur votre espace personnel sur le site des impôts, rubrique « Plafonds d’épargne retraite ».

Planifier vos versements sur l’année, mutualiser avec votre conjoint, et utiliser les reports des années précédentes permettent de maximiser l’avantage fiscal.