Usufruit et nue-propriété : Définition, enjeux fiscaux, extinction.

Alan Bourel - Arkefact Investissement - Gestion de patrimoine
Alan Bourel
Fondateur et ingénieur patrimonial
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7 minutes

Introduction.

Le droit de propriété, pilier fondamental du système juridique français, peut parfois être divisé en plusieurs composantes distinctes. Cette division, appelée démembrement de propriété, donne naissance à des concepts essentiels : l’usufruit et la nue-propriété. Ces mécanismes juridiques, régis par le Code civil, offrent des solutions flexibles pour la gestion patrimoniale, la transmission familiale et l’optimisation fiscale.

Cet article rédigé par Arkefact gestion de patrimoine Montpellier propose une analyse complète et détaillée de ces notions fondamentales, en explorant leurs définitions juridiques, leurs modalités de constitution, les droits et obligations des parties, leur régime fiscal spécifique, ainsi que leurs applications pratiques dans les stratégies patrimoniales modernes.

Définitions et concepts fondamentaux.

L'usufruit : Le droit d'user et de jouir.

L’usufruit, défini par l’article 578 du Code civil, confère à son titulaire (l’usufruitier) le droit d’user et de jouir d’un bien appartenant à autrui, à condition d’en conserver la substance. Cette définition révèle les trois prérogatives essentielles de l’usufruitier :

  • L’usage (usus) permet à l’usufruitier d’utiliser le bien selon sa destination naturelle. Pour un logement, cela signifie y habiter ; pour un terrain agricole, l’exploiter.

  • La jouissance (fructus) autorise l’usufruitier à percevoir tous les fruits et revenus générés par le bien. Ces revenus comprennent les loyers pour un bien immobilier, les dividendes pour des actions, ou encore les récoltes pour des terres agricoles.

  • L’obligation de conservation impose à l’usufruitier de préserver la substance du bien, c’est-à-dire sa nature et sa consistance. Il ne peut pas vendre, ou procéder à des transformations majeures sans l’accord du nu-propriétaire.

La nue-propriété : La propriété amputée.

La nue-propriété représente le droit de propriété, privé temporairement de ses attributs d’usage et de jouissance. Le nu-propriétaire conserve l’abusus, c’est-à-dire le droit de disposer du bien, mais ne peut l’exercer pleinement durant l’usufruit.

Le nu-propriétaire détient néanmoins des prérogatives importantes : il peut vendre sa nue-propriété, la donner ou la léguer. Il conserve également un droit de regard sur la gestion du bien et peut s’opposer aux actes qui dépasseraient les simples actes d’administration.

Constitution et modalités de l'usufruit.

Les modes de constitution.

  • L’usufruit peut être constitué de plusieurs manières. La vente avec réserve d’usufruit permet au vendeur de conserver l’usage et la jouissance du bien tout en transférant la nue-propriété à l’acquéreur. Cette opération procure immédiatement des liquidités au vendeur tout en lui permettant de continuer à occuper ou exploiter le bien.
  • La donation avec réserve d’usufruit constitue un outil privilégié de transmission patrimoniale. Le donateur peut ainsi transmettre la nue-propriété de ses biens à ses héritiers tout en conservant l’usufruit, bénéficiant ainsi d’avantages fiscaux substantiels.
  • Le testament permet également de créer un usufruit au profit d’une personne déterminée, souvent le conjoint survivant, tout en attribuant la nue-propriété aux enfants.

Les formalités requises.

La constitution d’un usufruit sur un bien immobilier nécessite impérativement un acte notarié et une publication au service de publicité foncière. Ces formalités garantissent l’opposabilité de l’usufruit aux tiers et sécurisent les droits de chacune des parties.

Pour les biens meubles, les formalités sont généralement moins contraignantes, mais certaines catégories de biens (véhicules, fonds de commerce) peuvent nécessiter des inscriptions particulières.

Droits et obligations des parties.

Les droits de l'usufruitier.

L’usufruitier bénéficie de droits étendus sur le bien grevé d’usufruit. Il peut l’occuper personnellement, le louer à des tiers, et percevoir tous les revenus qu’il génère. Ces revenus lui appartiennent en propre et ne doivent pas être partagés avec le nu-propriétaire.

L’usufruitier peut également effectuer tous les actes d’administration nécessaires à la bonne gestion du bien : entretien courant, réparations locatives, souscription d’assurances, conclusion de baux d’habitation ou commerciaux dans les limites légales.

Les obligations de l'usufruitier.

En contrepartie de ses droits, l’usufruitier supporte plusieurs obligations importantes. Il doit d’abord dresser un inventaire des biens soumis à l’usufruit et fournir une caution, sauf dispense légale ou conventionnelle.

L’usufruitier assume ensuite la charge de tous les frais d’entretien et de réparation du bien, à l’exception des grosses réparations qui incombent au nu-propriétaire. Il doit également s’acquitter de toutes les charges et impositions liées à l’usage du bien : taxe foncière, charges de copropriété, frais de gestion.

Une obligation fondamentale pèse sur l’usufruitier : il doit user du bien « en bon père de famille », selon la terminologie traditionnelle, c’est-à-dire avec la diligence d’une personne raisonnable et prudente.

Les droits du nu-propriétaire.

Bien que ses prérogatives soient temporairement limitées, le nu-propriétaire conserve des droits substantiels. Il peut librement disposer de sa nue-propriété par vente, donation ou testament. Il exerce également une surveillance sur la gestion du bien par l’usufruitier et peut intervenir en cas de dégradation ou de mauvaise gestion.

Le nu-propriétaire a le droit d’être informé des actes importants concernant le bien et peut s’opposer aux actes dépassant les pouvoirs d’administration de l’usufruitier.

Les obligations du nu-propriétaire.

Le nu-propriétaire supporte principalement les grosses réparations, c’est-à-dire celles qui concernent la structure et la solidité du bien. Cette distinction entre réparations d’entretien (à la charge de l’usufruitier) et grosses réparations (à la charge du nu-propriétaire) peut parfois donner lieu à des difficultés d’interprétation.

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Extinction de l'usufruit.

Les causes d'extinction.

  • L’usufruit s’éteint de plein droit dans plusieurs hypothèses. L’arrivée du terme constitue la cause d’extinction la plus fréquente. L’usufruit peut être constitué pour une durée déterminée ou viager (jusqu’au décès de l’usufruitier).

  • Le décès de l’usufruitier met automatiquement fin à l’usufruit, même si celui-ci avait été constitué pour une durée supérieure à l’espérance de vie du défunt. L’usufruit étant un droit personnel, il ne se transmet pas aux héritiers.

  • La réunion des qualités d’usufruitier et de nu-propriétaire sur la même tête provoque également l’extinction de l’usufruit par confusion. Cette situation peut résulter d’une acquisition de la nue-propriété par l’usufruitier ou inversement.

Autres causes d'extinction.

  • La renonciation de l’usufruitier constitue une cause d’extinction volontaire. Cette renonciation doit respecter certaines formes, notamment l’acte notarié pour les biens immobiliers.

  • Le non-usage pendant trente ans peut également entraîner l’extinction de l’usufruit par prescription, bien que cette hypothèse soit rare en pratique.

  • La destruction totale du bien met naturellement fin à l’usufruit, l’objet du droit ayant disparu.

Aspects fiscaux.

Fiscalité de la transmission.

La constitution d’un usufruit présente des avantages fiscaux significatifs, particulièrement dans le cadre des transmissions familiales. Lors d’une donation avec réserve d’usufruit, seule la nue-propriété est transmise, ce qui réduit considérablement la base imposable aux droits de donation.

La valeur de la nue-propriété se calcule en appliquant un barème fiscal qui dépend de l’âge de l’usufruitier. Plus celui-ci est âgé, plus la valeur de la nue-propriété est élevée, et inversement. Ce mécanisme reflète l’espérance de vie statistique et la durée probable de l’usufruit.

Fiscalité des revenus.

L’usufruitier supporte l’imposition sur les revenus générés par le bien (loyers, dividendes). Cette règle découle logiquement du principe selon lequel celui qui perçoit les revenus doit les déclarer.

Le nu-propriétaire, ne percevant aucun revenu du bien, n’a pas à déclarer de revenus liés à sa nue-propriété.

Conclusion.

L’usufruit et la nue-propriété constituent des outils juridiques sophistiqués qui répondent à de nombreux besoins patrimoniaux. Leur maîtrise nécessite une compréhension approfondie tant des aspects juridiques que fiscaux, ainsi qu’une anticipation des évolutions personnelles et réglementaires.

Ces mécanismes, bien qu’anciens, conservent toute leur pertinence dans la gestion patrimoniale moderne. Ils offrent des solutions flexibles pour concilier transmission anticipée, optimisation fiscale et sécurité financière, à condition d’être mis en œuvre avec rigueur et accompagnement professionnel.

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Questions

FAQ.

L’usufruit et nue-propriété constituent un démembrement de propriété qui divise les droits immobiliers en deux parties distinctes. L’usufruit et nue-propriété permettent de séparer l’usage d’un bien (usufruit) de sa propriété juridique (nu propriété). Cette distinction entre usufruit et nue-propriété est fondamentale en droit français et offre de nombreuses possibilités en matière de transmission patrimoniale.

La différence entre usufruit et nue-propriété réside dans la répartition des droits. L’usufruitier dispose du droit d’usage et de jouissance du bien (habiter, louer, percevoir les revenus), tandis que le nu propriétaire détient la propriété juridique sans pouvoir utiliser le bien. Cette séparation de l’usufruit et nue-propriété permet une gestion flexible du patrimoine immobilier.

Donner la nu propriété présente plusieurs avantages dans le cadre de l’usufruit et nue-propriété. Cette stratégie permet de réduire les droits de succession futurs tout en conservant l’usage du bien via l’usufruit. L’usufruit et nue-propriété offrent ainsi une solution optimale pour transmettre son patrimoine de manière anticipée tout en gardant le contrôle de son logement.

Les inconvénients de l’usufruit dans le système usufruit et nue-propriété incluent l’impossibilité de vendre le bien sans l’accord du nu propriétaire, l’obligation d’entretien du bien à la charge de l’usufruitier, et la perte progressive de la valeur de l’usufruit avec l’âge. L’usufruit et nue-propriété créent également une dépendance entre les parties qui peut générer des conflits.

Dans le mécanisme usufruit et nue-propriété, la nu propriété fait partie du patrimoine du nu propriétaire et entre donc dans sa succession en cas de décès. Cependant, si l’usufruitier décède en premier, l’usufruit s’éteint et la pleine propriété se reconstitue automatiquement chez le nu propriétaire. Cette particularité de l’usufruit et nue-propriété influence directement la planification successorale.

En cas de donation au dernier vivant combinée avec l’usufruit et nue-propriété, le conjoint survivant bénéficie généralement de l’usufruit du bien, tandis que les enfants reçoivent la nu propriété. Cette organisation de l’usufruit et nue-propriété protège le conjoint tout en préservant les droits des héritiers. La donation au dernier vivant s’articule parfaitement avec les mécanismes d’usufruit et nue-propriété.

Après une donation avec usufruit, la propriété est démembrée selon les principes usufruit et nue-propriété. Le donataire devient nu propriétaire du bien, tandis que le donateur conserve l’usufruit. Cette répartition de l’usufruit et nue-propriété permet au donateur de continuer à jouir du bien tout en ayant transmis la nu propriété. L’équilibre entre usufruit et nue-propriété garantit les droits de chaque partie.

Une donation avec usufruit présente certains inconvénients liés au système usufruit et nue-propriété. Le nu propriétaire ne peut pas disposer librement du bien, tandis que l’usufruitier reste responsable de l’entretien. L’usufruit et nue-propriété peuvent créer des tensions familiales si les intérêts divergent. De plus, l’usufruit et nue-propriété compliquent parfois les décisions importantes concernant le bien.

Il est tout à fait possible de donner une maison de son vivant avec usufruit et nue-propriété. Cette forme de donation permet de transmettre la nu propriété aux bénéficiaires tout en conservant l’usufruit. L’usufruit et nue-propriété constituent un excellent moyen d’anticiper sa succession tout en gardant l’usage de son logement. Cette stratégie d’usufruit et nue-propriété est couramment utilisée en planification patrimoniale.

Donner sa maison en usufruit à ses enfants est possible, mais cela inverse la logique habituelle de l’usufruit et nue-propriété. Dans ce cas, les enfants obtiennent l’usufruit (droit d’usage) tandis que le parent conserve la nu propriété. Cette configuration d’usufruit et nue-propriété est moins courante car elle ne permet pas au parent de continuer à habiter le bien. L’usufruit et nue-propriété nécessitent une réflexion approfondie selon les objectifs patrimoniaux.

La fiscalité de l’usufruit et nue-propriété varie selon l’âge de l’usufruitier et la nature de l’opération. Pour les donations, l’usufruit et nue-propriété sont évalués selon un barème fiscal spécifique qui dépend de l’âge de l’usufruitier. L’usufruit et nue-propriété permettent souvent de réduire les droits de donation grâce à cette valorisation particulière. Cette optimisation fiscale constitue l’un des principaux atouts de l’usufruit et nue-propriété.

La vente d’un bien en usufruit et nue-propriété nécessite l’accord des deux parties : usufruitier et nu propriétaire. L’usufruit et nue-propriété peuvent être vendus séparément ou ensemble pour reconstituer la pleine propriété. Si l’usufruit et nue-propriété sont vendus ensemble, le prix de vente est réparti selon la valeur respective de chaque droit. Cette flexibilité de l’usufruit et nue-propriété offre diverses possibilités de cession.